Coupe du monde des clubs : Fluminense terrasse l’Inter Milan et écrit une nouvelle page de son histoire
Il fallait le voir pour le croire. Sous les projecteurs éblouissants du stade Lusail à Doha, c’est un vent chaud venu de Rio de Janeiro qui a soufflé sur la Coupe du monde des clubs, balayant au passage les espoirs d’un géant européen. Le Fluminense Football Club, mythique formation brésilienne, a réalisé lundi soir l’un des plus grands exploits récents du football sud-américain, en éliminant l’Inter Milan sur le score sans appel de 2-0 en huitièmes de finale. Les champions de la Copa Libertadores ont, par leur engagement, leur discipline tactique et leur audace, renvoyé les vice-champions d’Europe à la maison, stupéfaits et incrédules.

Une surprise ? Pas pour ceux qui connaissent la fureur du football carioca
Pour beaucoup d’observateurs européens, cette confrontation apparaissait comme une formalité pour le club lombard, vice-champion d’Europe 2024 et machine bien huilée sous la houlette de Simone Inzaghi. Mais les Brésiliens, portés par l’audace de leur entraîneur Renato Gaúcho et une génération de joueurs aussi talentueux que disciplinés, ont démontré que le football ne se gagne pas uniquement sur la base du palmarès, mais sur la pelouse, avec du cœur, de la sueur et du panache.
Dès les premières minutes, le ton était donné : pressing haut, rythme effréné, combinaisons millimétrées, et surtout, une foi contagieuse dans leurs chances. C’est ainsi que Fluminense a dominé les débats, ouvrant le score à la 28e minute par André, milieu de terrain infatigable, auteur d’un tir chirurgical à l’entrée de la surface, qui a laissé Yann Sommer sans réaction.
La suite ? Une démonstration de solidité défensive, ponctuée d’un second but en contre-attaque signé Jhon Arias, à la 77e minute, scellant le sort d’une Inter Milan amorphe, déboussolée, et visiblement surprise par le niveau d’intensité du jeu brésilien.
Luis Enrique désabusé : « Nous ne nous attendions pas à autant »
Au coup de sifflet final, les visages disaient tout. Côté milanais, la déception était immense. L’ancien Barcelonais Luis Enrique, aujourd’hui directeur sportif du club, n’a pas cherché à masquer son désarroi :
« Je pense que le problème est que nous avons été surpris. Nous ne nous attendions peut-être pas à autant d’une équipe brésilienne. Les Européens ne suivent pas de près les championnats sud-américains, surtout au Brésil. Je ne m’attendais pas à une telle qualité, ni à une telle intensité. Ils ont voulu la victoire plus que nous, et ils l’ont obtenue. »
Le constat est brutal, mais lucide. L’Inter, souvent trop sûre de sa supériorité technique, a péché par excès de confiance, laissant la créativité et l’énergie de Fluminense s’exprimer librement. Les Nerazzurri n’ont cadré que deux frappes durant tout le match, un chiffre famélique pour une équipe prétendante au titre mondial.
Renato Gaúcho : le chef d’orchestre d’une symphonie parfaite
De son côté, Renato Gaúcho n’a pas caché son émotion. Ancien joueur légendaire, devenu entraîneur charismatique, il incarne à lui seul l’esprit du football brésilien moderne : imprévisible, pragmatique, mais profondément collectif.
« C’est sans aucun doute l’une des plus grandes victoires de ma carrière. Nous avons battu une grande équipe européenne. Ce n’est pas rien. Mais ce qui me rend le plus fier, c’est l’engagement de mon groupe. Même ceux qui étaient sur le banc ont crié, encouragé, vécu ce match avec passion. Cette victoire, c’est celle d’un collectif, d’un esprit. »
Le technicien, qui avait déjà conduit Fluminense à la gloire continentale en 2024, signe là un chef-d’œuvre tactique. Son système hybride, capable de s’adapter en temps réel, a rendu inopérantes les phases de construction milanaises. Chaque espace était contrôlé, chaque transition maîtrisée. La leçon est claire : les clubs sud-américains ne doivent plus être considérés comme des outsiders dans cette compétition.
Un signal fort pour le football sud-américain
Au-delà du simple exploit sportif, cette victoire de Fluminense résonne comme un signal puissant pour tout un continent. Longtemps relégués derrière l’Europe sur la scène des compétitions interclubs, les géants d’Amérique du Sud montrent qu’ils peuvent encore renverser la hiérarchie, avec des moyens plus modestes, mais une passion intacte.
En battant l’Inter Milan, Fluminense ne se contente pas d’accéder aux quarts de finale. Le club rappelle à la planète football que le Brésil reste un bastion de talent brut, de créativité, de résistance tactique et de ferveur populaire. Une culture où le ballon rond est une religion, où chaque match se joue comme une bataille, et où l’honneur du maillot prime encore sur les millions d’euros.
L’Inter Milan, entre introspection et remise en question
Pour les Italiens, l’heure est à l’introspection. Leur parcours s’arrête dès les huitièmes de finale, une déconvenue difficile à avaler pour une équipe construite pour régner.
« Il va falloir analyser, comprendre, changer certaines choses », a reconnu le capitaine Lautaro Martínez, visiblement affecté. « On ne peut pas se permettre d’arriver dans une compétition mondiale avec autant de suffisance. »
Le club, qui comptait sur cette Coupe du monde des clubs pour étendre sa renommée hors du continent européen, quitte la scène sur une note amère. Un coup d’arrêt brutal, mais peut-être salutaire pour une formation qui devra revoir ses certitudes face à un football mondial de plus en plus ouvert et compétitif.
Et maintenant ? Fluminense vers les sommets ?
Portés par cette victoire magistrale, les Brésiliens ont désormais les yeux rivés sur les quarts de finale, où ils affronteront soit le Club América (Mexique), soit Al Ahly (Égypte), dans une affiche qui s’annonce tout aussi palpitante. L’objectif est désormais clair : ramener le trophée mondial à Rio, un exploit que seule une poignée de clubs brésiliens a su accomplir depuis le début de la compétition dans sa nouvelle formule.
Le Fluminense, souvent dans l’ombre de Flamengo ou Palmeiras, pourrait bien entrer définitivement dans la légende du football mondial. Et prouver que, loin des projecteurs européens, la magie du football vit toujours, au rythme des tambours, des dribbles fous et de la foi de tout un peuple.
📌 Score final : Fluminense 2 – Inter Milan 0
⚽ Buteurs : André (28’), Jhon Arias (77’)
🏆 Homme du match : André (Fluminense)
📍 Prochain match : Fluminense vs Club América / Al Ahly (quart de finale, le 12 juillet 2025)
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon