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    Il aura fallu près de deux années de silence diplomatique pour que les lignes bougent. Ce mardi 1er juillet 2025, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont longuement entretenus par téléphone, dans une conversation marathon de plus de deux heures qui, si elle n’a pas fait tomber les murs, a néanmoins remis un canal de communication en service. Un geste rare, fragile, mais chargé de significations dans le tumulte géopolitique mondial.

    Macron et Poutine
    Macron et Poutine

    Initialement prévu pour aborder la question du programme nucléaire iranien, le dialogue a très vite bifurqué vers l’Ukraine, théâtre d’un conflit sanglant qui s’enlise dans la durée et polarise le monde depuis plus de trois ans. À Paris comme à Moscou, l’on savait d’avance que les positions étaient diamétralement opposées. Mais les deux capitales ont choisi de renouer le fil. Dans la rhétorique comme dans les actes, ce contact pourrait annoncer une inflexion. À défaut d’une avancée concrète, il consacre au moins un retour prudent du langage diplomatique.

    Un dialogue de sourds sur l’Ukraine

    Sur la guerre en Ukraine, la conversation a confirmé, sans surprise, le caractère quasiment irréconciliable des positions françaises et russes.

    Emmanuel Macron, fidèle à la ligne européenne, a réitéré le soutien « indéfectible » de la France à Kyiv. Il a appelé de ses vœux à un cessez-le-feu dans les meilleurs délais, plaidant pour l’ouverture de négociations sérieuses et durables, dans le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, telle que reconnue par le droit international. Dans l’ombre des récents affrontements dans la région de Kharkiv, où les forces russes ont regagné du terrain, l’appel français fait figure de rappel solennel : aucune paix durable ne saurait émerger d’une guerre de conquête.

    Mais Vladimir Poutine, dans un ton ferme et sans ambiguïté, a opposé à cette perspective une condition de taille. « Toute solution en Ukraine doit s’appuyer sur de nouvelles réalités territoriales », a-t-il averti, martelant que les zones désormais contrôlées par Moscou – et parfois annexées unilatéralement – ne sauraient être remises en cause. Accusant les puissances occidentales, Paris incluse, d’avoir attisé le conflit par leur soutien militaire à Kyiv, le maître du Kremlin a récusé tout scénario qui ignorerait, selon ses mots, les « équilibres nés sur le terrain ».

    Ce désaccord frontal n’a pas empêché les deux chefs d’État de convenir d’une chose : la nécessité de maintenir le dialogue. Une position minimaliste, mais qui en dit long sur l’état actuel des relations entre les deux puissances.

    L’Iran, terrain fragile de convergence

    Plus consensuelle a été la seconde partie de l’échange, centrée sur l’Iran et son programme nucléaire, sujet de préoccupation croissante pour les chancelleries occidentales et orientales.

    Co-signataires de l’accord de Vienne de 2015 – officiellement nommé JCPOA – la France et la Russie ont affiché une volonté commune de sauver ce qui peut l’être du cadre multilatéral, aujourd’hui moribond. Emmanuel Macron a insisté sur le retour « nécessaire et urgent » des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les sites iraniens, pointant du doigt la spirale d’opacité et de méfiance qui rend chaque jour plus périlleux le retour à la table des négociations.

    De son côté, Vladimir Poutine a réaffirmé le droit de l’Iran à un programme nucléaire civil, dans le strict respect des engagements internationaux. Moscou, qui entretient des relations pragmatiques et soutenues avec Téhéran, se veut médiateur, tout en refusant toute logique de confrontation. La Russie se présente ici comme un acteur stabilisateur dans un Moyen-Orient sous haute tension, traversé par les conflits en Syrie, à Gaza et désormais au Liban-Sud.

    Un contexte mondial sous pression

    Ce rare échange bilatéral survient à un moment particulièrement tendu. Alors que les rapports entre l’Occident et la Russie demeurent au plus bas depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et la guerre de grande ampleur de 2022, la crise iranienne pourrait ouvrir une fenêtre de coordination diplomatique, aussi ténue soit-elle.

    Emmanuel Macron, dans la foulée de cet appel, devrait consulter prochainement les autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – États-Unis, Chine, Royaume-Uni – pour renforcer les garanties autour du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), socle du désarmement mondial. Il y a urgence : les signaux d’alerte se multiplient, tant sur le plan technique que politique.

    Ce retour au contact entre Paris et Moscou n’efface en rien les profondes divergences. Il ne s’agit ni d’un réchauffement diplomatique, ni d’une reprise du format de négociations que certains appellent de leurs vœux. Mais dans une époque marquée par l’extrême volatilité des équilibres stratégiques, le simple fait de se parler, sans illusion mais sans fermeture, prend déjà une portée symbolique non négligeable.

    Un pas vers la désescalade ou un dialogue de façade ?

    À ce stade, il serait hasardeux de parler de percée. Les chancelleries s’accordent à qualifier l’échange de « franc, direct, et utile », sans esquisser de résultats concrets. Mais dans une diplomatie en état de gel prolongé, ces adjectifs prennent valeur de jalons.

    Pour Emmanuel Macron, cet appel illustre une stratégie diplomatique assumée : celle de maintenir des lignes de communication ouvertes avec tous les acteurs, y compris les plus contestés, afin de ne pas laisser le champ libre aux logiques de guerre totale. Une posture qui lui vaut critiques et louanges, selon les bords.

    Du côté de Moscou, cette reprise de contact s’inscrit dans une volonté de réaffirmer sa place sur la scène internationale, malgré l’isolement partiel dû aux sanctions et au conflit en Ukraine. Vladimir Poutine y voit aussi l’occasion de peser dans les grands dossiers multilatéraux, en affichant un profil d’acteur incontournable.

    Le monde retient son souffle. À défaut de paix, le retour du dialogue est peut-être le dernier rempart avant le basculement définitif dans l’irréparable.

    Saidicus Leberger
    Pour Radio Tankonnon

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