Kylian Mbappé – PSG : le divorce judiciaire d’un mariage à haute tension
Paris, juin 2025. Ce qui devait être une fin de règne auréolée de titres et de gratitude mutuelle s’est transformé en un long bras de fer judiciaire. L’ex-star du Paris Saint-Germain, Kylian Mbappé, a officiellement porté plainte contre son ancien club pour harcèlement moral, a confirmé ce jeudi le parquet de Paris. Dans les coulisses feutrées du Parc des Princes, la rupture entre le joueur et l’institution n’a pas seulement été brutale. Elle a été, à en croire les éléments désormais entre les mains de la justice, profondément conflictuelle.

Une mise à l’écart lourde de sens
Retour à l’été 2023. Kylian Mbappé, alors capitaine de l’équipe de France, star incontestée du football européen, refuse de prolonger son contrat avec le PSG, à un an de son terme. Le club, dirigé par Nasser Al-Khelaïfi, refuse alors catégoriquement de le voir partir libre. La sentence est immédiate : Mbappé est écarté du groupe professionnel et exclu de la tournée d’été en Asie. Pendant plusieurs semaines, l’attaquant est contraint de s’entraîner à part, loin de ses coéquipiers, dans une forme de limbes sportives que plusieurs syndicats de joueurs jugent alors « inadmissible ».
« Il y a eu une volonté manifeste de l’humilier publiquement, de le mettre au pas par la contrainte », affirme aujourd’hui un membre de l’entourage de Mbappé. Des propos qui résonnent douloureusement avec les motifs invoqués dans la plainte déposée : conditions de travail dégradées, isolement prolongé, pression psychologique visant à obtenir sa signature, en contradiction avec les droits fondamentaux des salariés.
Al-Khelaïfi : le ton d’une rupture
Dès juillet 2023, le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, avait durci le ton. Devant la presse, il avait publiquement appelé Mbappé à « prendre ses responsabilités » :
« Nous ne voulons pas laisser partir gratuitement quelqu’un qui est le meilleur joueur du monde aujourd’hui, c’est impossible. »
Le message était clair : pas de contrat, pas de terrain. Derrière cette logique de gestion sportive et économique, le club entendait poser un précédent. Mais cette stratégie, jugée brutale, a fracturé l’image d’un club en quête de stature internationale.
Le feuilleton d’un départ annoncé
Ce qui avait débuté comme un différend contractuel s’est progressivement transformé en contentieux juridique. Malgré les tensions, Mbappé est finalement réintégré à l’effectif en août 2023, après une médiation interne. Mais les relations restent gelées. L’international français, auteur d’une saison à 27 buts, vit sa dernière année à Paris comme une lente agonie institutionnelle.
En juin 2024, l’annonce tombe : Kylian Mbappé rejoint librement le Real Madrid, mettant fin à sept années de loyauté sous le maillot parisien. Le transfert, sans indemnité, laisse un goût amer à Doha et dans les bureaux du PSG, qui voyaient dans l’attaquant un investissement de long terme et un ambassadeur de leur projet.
61 millions de dollars en jeu
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Selon des sources proches du dossier, Mbappé réclame 61 millions de dollars à son ancien employeur, au titre de salaires et primes impayés. L’attaquant estime qu’une partie importante de sa rémunération contractuelle, liée à des bonus de performance, n’a pas été versée lors de sa dernière année de contrat. Le PSG, de son côté, argue que ces montants devaient être conditionnés à une prolongation ou à une sortie négociée. Une bataille d’interprétation contractuelle s’engage, à laquelle s’ajoute désormais la plainte pour harcèlement moral.
Une plainte à haut risque pour le PSG
Dans un monde du football habitué aux négociations feutrées et aux transactions sous-jacentes, porter plainte pour harcèlement moral contre un club de renommée mondiale est un acte rarissime. Pour le PSG, le risque est à la fois réputationnel, juridique et symbolique. En cas de reconnaissance de harcèlement moral, le club pourrait se voir contraint de verser des indemnités conséquentes, mais surtout, voir son image écornée dans un moment clé de sa transition post-Mbappé.
D’autant que cette plainte s’inscrit dans un climat social plus large, où les droits des joueurs professionnels sont de plus en plus encadrés juridiquement. L’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) en France a déjà exprimé sa vigilance face à « toute tentative d’abus de pouvoir ou d’atteinte à la dignité des joueurs au nom de stratégies économiques ».
Madrid, le renouveau en silence
Pendant que les avocats s’affrontent à Paris, Mbappé, lui, reste silencieux à Madrid, concentré sur sa nouvelle carrière sous le maillot merengue. Acclamé par les supporters de la Maison Blanche, déjà décisif en Ligue des champions, il semble vouloir tourner la page parisienne sans déclarations inutiles.
Mais dans son entourage, on confie que la blessure est profonde, et que l’acharnement du club parisien aurait « durablement entamé la confiance du joueur envers les institutions françaises du football ».
Une rupture emblématique
Le divorce entre Kylian Mbappé et le Paris Saint-Germain dépasse le simple cadre d’un transfert manqué. Il incarne la fin d’une ère, celle où un club pouvait imposer ses décisions par la pression, dans un environnement où les droits des joueurs sont désormais mieux structurés, mieux défendus.
En résumé :
- Kylian Mbappé a porté plainte contre le PSG pour harcèlement moral.
- Il réclame 61 millions de dollars de salaires et primes non versés.
- Le litige remonte à son exclusion de l’équipe après avoir refusé de prolonger en 2023.
- Son départ libre vers le Real Madrid a exacerbé les tensions.
- Le PSG risque gros : sur le plan juridique, économique, et en termes d’image.
Dans ce duel au sommet, le terrain de jeu n’est plus la pelouse, mais les tribunaux. Et la question reste entière : qui, du joueur ou du club, portera à jamais la cicatrice de cette rupture ?
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon