BURKINA FASO – GUINÉE ÉQUATORIALE : UN NOUVEL ÉLAN DIPLOMATIQUE SCELLÉ À OUAGADOUGOU
OUAGADOUGOU – Dans un cérémonial à la fois sobre et solennel, le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, a reçu ce jeudi 26 juin 2025, les lettres de créance de Son Excellence Monsieur Moïsés MBA NCHAMA, nouvel Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée Équatoriale auprès du Burkina Faso, avec résidence à Abidjan, capitale économique de la République de Côte d’Ivoire. Ce geste diplomatique marque une étape importante dans la consolidation des relations bilatérales entre Ouagadougou et Malabo, deux capitales africaines qui, bien que distantes géographiquement, partagent une communauté de destin fondée sur la solidarité, l’intégration continentale et la quête d’un avenir souverain.

UN DIPLÔMATE D’EXPÉRIENCE AU CŒUR DE LA RELANCE BILATÉRALE
Le nouvel ambassadeur, Moïsés MBA NCHAMA, n’est pas un inconnu dans les milieux diplomatiques africains. Homme d’État rompu aux rouages de la diplomatie contemporaine, il a occupé au fil des ans plusieurs fonctions de haut niveau dans son pays et au sein d’organismes internationaux. Son parcours témoigne d’un engagement constant pour la promotion du dialogue, la coopération Sud-Sud et l’intégration africaine. Sa nomination au Burkina Faso, en un moment charnière pour les deux nations, porte en elle la promesse d’un renforcement tangible et stratégique des liens historiques qui unissent Malabo à Ouagadougou.
En recevant ses lettres de créance, le Président Ibrahim Traoré a salué « un moment de convergence diplomatique entre deux peuples frères, décidés à écrire ensemble une nouvelle page de coopération sincère, féconde et mutuellement avantageuse. » À travers cet acte protocolaire, le Burkina Faso réaffirme son attachement à une diplomatie de proximité, marquée par la reconnaissance des potentialités africaines, loin des modèles tutélaires et des alliances de convenance.
DES RELATIONS ANCIENNES, UNE COOPÉRATION À RENOUVELER
La relation diplomatique entre le Burkina Faso et la République de Guinée Équatoriale remonte à l’année 1993. En plus de trois décennies, les deux États ont posé les bases d’une coopération multiforme, fondée sur le respect mutuel, le non-alignement et le dialogue permanent. Plusieurs instruments juridiques ont été signés au fil des ans, parmi lesquels le Règlement intérieur de la Grande Commission Mixte de Coopération et l’Accord-cadre de coopération économique, commerciale, culturelle, scientifique et technique.
Ces accords ont permis, dans les années 2000, la réalisation d’échanges d’expertises, l’ouverture de canaux de coopération universitaire, ainsi que des partenariats économiques dans les domaines du bâtiment, de l’agriculture et de la formation professionnelle. Toutefois, force est de constater que cette dynamique s’est essoufflée au fil du temps, notamment en raison de contextes politiques internes et de priorités budgétaires fluctuantes dans les deux pays.
C’est pour relancer cette coopération que le Burkina Faso a procédé, en 2021, à l’ouverture d’un Consulat Général à Malabo, capitale politique et administrative de la Guinée Équatoriale. Ce consulat, bien plus qu’une simple représentation consulaire, se voulait une plateforme stratégique pour redynamiser les relations bilatérales, favoriser les échanges économiques et culturels, et mieux encadrer les communautés burkinabè établies sur le sol équato-guinéen.
UNE RENCONTRE MARQUÉE PAR LA CONFIANCE ET L’AMBITION
La cérémonie de remise des lettres de créance, qui s’est tenue au Palais présidentiel de Koulouba, a été empreinte de cordialité. Le Président Ibrahim Traoré, entouré de ses proches collaborateurs, a longuement échangé avec le diplomate équato-guinéen sur les défis communs qui interpellent l’Afrique d’aujourd’hui : insécurité transfrontalière, mutations climatiques, pression migratoire, redressement économique post-Covid, et surtout, la nécessité de construire une coopération interafricaine fondée sur la souveraineté et l’auto-détermination.
Pour sa part, Son Excellence Monsieur Moïsés MBA NCHAMA a exprimé la détermination des autorités de Malabo à œuvrer pour une intensification des relations avec le Burkina Faso, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, des hydrocarbures, de l’éducation et des technologies de l’information. « Nos deux pays, bien que de tailles différentes, ont un potentiel de complémentarité immense. C’est en misant sur cette complémentarité que nous pourrons bâtir un avenir commun, libre de toute domination extérieure », a-t-il déclaré.
DES PERSPECTIVES NOUVELLES POUR UN PARTENARIAT RÉINVENTÉ
Cette relance diplomatique intervient dans un contexte international en mutation, où les États africains s’interrogent de plus en plus sur la pertinence des modèles de coopération hérités de l’époque post-coloniale. Face à l’inefficacité de certaines interventions extérieures, nombre de gouvernements du continent se tournent désormais vers une diplomatie panafricaine pragmatique, recentrée sur les besoins réels des peuples.
Dans ce cadre, la Guinée Équatoriale — pays pétrolier d’Afrique centrale — pourrait jouer un rôle moteur dans la diversification énergétique du Burkina Faso, pays sahélien confronté à d’importantes contraintes structurelles. De même, l’expertise burkinabè en matière de formation technique, de mobilisation communautaire et d’économie solidaire pourrait être mise au service de projets de développement local en Guinée Équatoriale, notamment dans ses provinces rurales moins intégrées aux dynamiques nationales.
Des chantiers de coopération plus ciblés sont envisagés, à l’image d’un accord de mobilité universitaire, de programmes conjoints de lutte contre la déforestation, de projets agricoles intégrés et même d’initiatives culturelles croisées, dans le but de rapprocher davantage les peuples par-delà les chancelleries.
L’AFRIQUE PAR LES AFRICAINS : UN PARADIGME EN MARCHE
En recevant l’ambassadeur Moïsés MBA NCHAMA, le Capitaine Ibrahim Traoré a rappelé l’aspiration du Burkina Faso à construire des alliances ancrées dans la réciprocité, l’authenticité et la responsabilité partagée. Pour lui, le développement de l’Afrique ne saurait venir d’ailleurs. Il doit être porté par des États souverains, engagés, capables de transcender les clivages hérités et de bâtir une architecture continentale solidaire et performante.
Le diplomate équato-guinéen s’est, de son côté, félicité de l’esprit de résilience qui anime le peuple burkinabè face aux défis sécuritaires. Il a souligné l’estime de son gouvernement pour les efforts engagés par Ouagadougou en matière de refondation nationale et de sécurisation du territoire, et a promis de transmettre aux autorités de Malabo les besoins exprimés par le Chef de l’État burkinabè pour une coopération renforcée.
CONCLUSION : UN RÉVEIL DIPLOMATIQUE QUI S’INSCRIT DANS LA DURÉE
La réception des lettres de créance de Son Excellence Monsieur Moïsés MBA NCHAMA ne constitue pas un simple acte protocolaire : elle ouvre une nouvelle séquence diplomatique entre le Burkina Faso et la République de Guinée Équatoriale. Dans un monde en recomposition, où les puissances traditionnelles perdent de leur influence, ces rapprochements Sud-Sud deviennent plus que jamais des piliers pour la stabilité, la prospérité et la souveraineté africaine.
Le défi sera désormais de traduire cette volonté politique en actes concrets, en mobilisant les moyens, les institutions et les intelligences nécessaires à une coopération bilatérale inclusive, innovante et durable. Car c’est sur ce chemin — celui d’un panafricanisme agissant et enraciné — que se construira l’avenir des peuples africains.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon