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    Le fracas des bombes ne parvient pas à faire taire la clameur des consciences. Tandis que les convois humanitaires s’entassent aux frontières de Rafah, impuissants, étouffés par la chape de plomb imposée par l’État israélien, une autre route, inattendue, émerge des entrailles du monde arabe : celle des peuples. Depuis les rues d’Alger, les boulevards de Tunis, les places de Casablanca et de Rabat, un élan d’une rare puissance s’est levé, comme un rugissement ancien, surgissant des mémoires populaires longtemps brimées. Il ne s’agit pas d’une manifestation ponctuelle, d’une indignation fugace : c’est une marche, réelle, déterminée, longue, douloureuse, et résolument pacifique, en direction de la bande de Gaza.

    Marcheurs
    Marcheurs

    Des milliers de manifestants ont ainsi pris la route, de manière concertée, pour une immense chaîne humaine continentale destinée à briser symboliquement – et peut-être réellement – le blocus humanitaire qui étrangle plus de deux millions de Palestiniens. Venus du Maghreb, renforcés par des contingents de la Mauritanie, du Sahara occidental et même du Sahel profond, les marcheurs avancent par étapes, déterminés à forcer l’Histoire.

    Un soulèvement moral, pas militaire

    Ce n’est ni une croisade ni une campagne politique, affirment les organisateurs. Ce n’est pas une démonstration de force au sens classique, mais une mise en mouvement des consciences. « Nous ne sommes pas des armées, mais des témoins. Nous n’avons pas de fusils, mais nos corps et notre foi en la justice. Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la fin du massacre », déclare Samir Lounès, universitaire algérien reconverti en coordinateur logistique de la marche. À ses côtés, une étudiante marocaine brandit une pancarte : « Nous marchons pour qu’ils vivent. »

    Ce que cette marche incarne va bien au-delà du geste humanitaire. Elle est une réponse morale face au cynisme politique, à la paralysie des institutions internationales, au silence embarrassé de certaines chancelleries occidentales qui, tout en évoquant la paix, justifient l’indéfendable. Elle rappelle au monde que lorsque les États faiblissent, les peuples, eux, peuvent encore se dresser.

    Le rôle central du Maghreb

    Il faut saluer ici la dignité des peuples du Maghreb, en première ligne de cette mobilisation historique. Les Algériens, fidèles à leur tradition de solidarité militante, ont ouvert la voie dès les premières semaines du conflit, organisant des chaînes de ravitaillement en vivres, en tentes, en médicaments, qui convergent aujourd’hui vers la frontière égyptienne. Les Tunisiens ont emboîté le pas avec une impressionnante coordination entre les syndicats, les étudiants, les médecins et les associations rurales. Le Maroc, malgré ses propres défis internes, a vu ses jeunes, ses anciens, ses artistes, ses imams et même certains militaires à la retraite, rejoindre les rangs de cette marche aux mille visages.

    Cette union entre les peuples d’Afrique du Nord, longtemps fracturée par les tensions diplomatiques, les différends frontaliers ou les intérêts géostratégiques divergents, se reforme ici au chevet d’une cause qui transcende les divisions : la dignité humaine.

    De la parole au pas : la marche comme résistance

    Il y a dans cette marche quelque chose d’archaïque et de révolutionnaire à la fois. Elle rappelle les grands moments de l’histoire universelle : la Longue Marche de Mao, les chemins de Gandhi, les marches pour les droits civiques aux États-Unis. En choisissant de marcher, de se déplacer physiquement, les manifestants réhabilitent le lien entre le corps et l’engagement. Ils font de chaque pas un acte de protestation. Ils déplacent le centre de gravité du débat, loin des plateaux télévisés, pour le ramener dans la poussière des routes, au contact du réel.

    Et ce réel est rude : chaleur accablante, épuisement, arrestations sporadiques, intimidations de certaines polices locales… Mais l’enthousiasme ne faiblit pas. On marche la nuit pour éviter la suffocation. On chante pour se soutenir. On prie ensemble, toutes confessions confondues. On dort dans des écoles, des stades, des mosquées, des fermes.

    Un défi lancé à la communauté internationale

    Ce mouvement, qui ne s’appuie sur aucun État, oblige les chancelleries à sortir de leur torpeur. Il contraint les diplomaties occidentales à revoir leur logiciel : elles qui ne voyaient dans le monde arabe que des peuples résignés, désorganisés, divisés, doivent aujourd’hui compter avec une mobilisation populaire sans précédent. Car ces peuples refusent désormais d’être spectateurs. Ils exigent que les convois humanitaires soient autorisés à entrer à Gaza. Ils réclament un cessez-le-feu immédiat. Ils dénoncent le nettoyage ethnique en cours, que trop d’États feignent de ne pas nommer.

    Même les Nations Unies, jusque-là paralysées par les vétos croisés, ne peuvent ignorer ce soulèvement moral. Des voix émergent enfin dans certaines instances onusiennes, saluant le courage de cette marche, et appelant à la création d’un couloir humanitaire sous protection internationale.

    Une jeunesse debout, une vieille solidarité retrouvée

    Ce qui frappe, dans cette marche, c’est la jeunesse de ses visages. Étudiants en médecine, jeunes diplômés au chômage, informaticiens, rappeurs, youtubeurs… Ils n’ont pas grandi avec la cause palestinienne comme leurs aînés. Ils l’ont redécouverte, à travers les images insoutenables de Gaza bombardée, de familles ensevelies, d’enfants hurlant sous les décombres. Et ils ont décidé de ne plus détourner les yeux.

    Mais à cette jeunesse s’ajoutent des générations plus anciennes : les vieux militants de la cause tiers-mondiste, les anciens combattants des luttes anticoloniales, les femmes du monde rural… Ensemble, ils forment une foule bigarrée, solidaire, qui marche sans leader unique, sans parti, sans récupération.

    Le monde regarde. Et tremble.

    Le monde entier observe cette marche. Certaines télévisions étrangères la minimisent ou l’ignorent. Mais sur les réseaux sociaux, elle est partout. Hashtags, vidéos, récits quotidiens, appels à rejoindre les caravanes… La marche devient virale. Elle inspire d’autres peuples. En Jordanie, en Égypte, au Liban, au Sénégal, en Indonésie, en Amérique latine même, des mouvements similaires se forment. Gaza devient non seulement un cri, mais une boussole éthique.

    Une promesse tenue : celle de la fraternité

    Le plus bouleversant, sans doute, c’est de voir cette vieille promesse arabo-africaine renaître. Celle d’une solidarité active, d’une fraternité non proclamée mais vécue. Ce n’est pas une marche contre un peuple, mais contre une politique. Ce n’est pas un cri de haine, mais une ode à la vie.

    Conclusion : l’avenir a commencé

    Il est encore trop tôt pour dire si cette marche parviendra à forcer le passage des aides humanitaires. Mais elle a déjà gagné sur un autre terrain : celui de la conscience. En rappelant au monde que des êtres humains peuvent encore marcher des milliers de kilomètres pour en sauver d’autres, sans armes, sans haine, sans calcul, elle ravive ce qu’il reste de lumière dans notre époque troublée.

    Et dans cette lumière vacillante, un peuple meurtri, celui de Gaza, n’est plus seul. Le Maghreb et l’Afrique, par leurs peuples courageux, l’ont rejoint.

    © Saidicus Leberger 

    Radio Tankonnon

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