Une coopération renforcée au service de l’enfance : la nouvelle Représentante de l’UNICEF reçue par le Premier ministre burkinabè
Dans une atmosphère empreinte de cordialité mais également de gravité face aux défis pressants du moment, le Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a accordé ce mardi 3 juin 2025, une audience à la nouvelle Représentante du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), Dr Chantal Umutoni. Cette rencontre, tenue dans les salons feutrés de la Primature à Ouagadougou, marque le début officiel d’une collaboration que les deux parties veulent plus étroite, plus stratégique, et résolument ancrée dans la réalité burkinabè.

Un premier contact prometteur
Nommée récemment à la tête de l’UNICEF au Burkina Faso, Dr Chantal Umutoni, diplomate chevronnée et spécialiste reconnue des questions de l’enfance, est venue présenter ses civilités au Chef du Gouvernement burkinabè. Mais au-delà des formules protocolaires, cette visite inaugurale s’est révélée être une occasion d’échanges francs sur les axes prioritaires de coopération entre l’UNICEF et le Burkina Faso.
« Le Gouvernement burkinabè met l’intérêt et le bien-être des enfants au cœur de son action. Nous sommes venus remercier le Premier ministre pour cet engagement fort, mais aussi le rassurer de notre volonté de travailler dans sa vision, et suivant les priorités qu’il a fixées », a déclaré Dr Umutoni à l’issue de l’audience. Le ton est donné : continuité dans l’engagement, mais aussi adaptation aux réalités politiques et sécuritaires actuelles du pays.
Une tradition de coopération saluée
Le Burkina Faso entretient depuis plusieurs décennies une coopération solide avec l’UNICEF, fondée sur des objectifs communs : garantir à chaque enfant une existence digne, sécurisée, et porteuse d’avenir. De l’accès à l’éducation à la santé infantile, en passant par la nutrition, l’eau potable et la protection contre les violences, les programmes de l’UNICEF couvrent un spectre large de besoins essentiels.
« Pour un avenir sûr, il faut miser sur le bien-être des enfants. Sur ce sujet, le Gouvernement a une vision claire et des priorités », a souligné le Premier ministre, visiblement soucieux de replacer l’enfance au cœur des politiques publiques, dans un contexte national où les urgences s’accumulent.
Il a, dans le même souffle, exprimé une inquiétude partagée par de nombreux observateurs : l’enrôlement d’enfants par des groupes armés terroristes, fléau silencieux mais dramatique, que certains organismes internationaux peinent à dénoncer avec la vigueur nécessaire. « Il est regrettable que des structures censées protéger les enfants restent aphones face à de telles dérives », a-t-il déploré.

Des priorités redéfinies à l’aune des urgences nationales
Cette prise de position du Premier ministre n’est pas anodine. Elle révèle une inflexion claire de la politique de coopération : désormais, les partenaires techniques et financiers sont invités non seulement à soutenir les initiatives gouvernementales, mais aussi à épouser plus étroitement les réalités du terrain et les choix souverains de l’État.
En réponse, Dr Umutoni s’est montrée pleinement consciente des enjeux et a assuré de l’engagement renouvelé de l’UNICEF à œuvrer en étroite collaboration avec les autorités burkinabè, y compris sur les problématiques les plus sensibles. Cette posture réaffirme la volonté des Nations Unies d’être un acteur de développement aligné sur les priorités nationales, et non un prescripteur extérieur détaché du contexte.
Un parcours international au service de l’enfant
Originaire du Rwanda, Dr Chantal Umutoni n’est pas une novice dans l’univers complexe de la diplomatie onusienne. Avant son affectation à Ouagadougou, elle a officié avec distinction en République du Congo, où elle a été saluée pour ses efforts en faveur de la réduction de la mortalité infantile et de la scolarisation des jeunes filles.
C’est donc une diplomate aguerrie, à la fois sensible aux réalités africaines et rompue aux subtilités des négociations internationales, qui prend les rênes de l’UNICEF au Burkina Faso. Son expertise et sa capacité d’écoute pourraient constituer de précieux atouts dans un pays confronté à une crise humanitaire multidimensionnelle.
Un contexte d’urgence humanitaire et de résilience
Au Burkina Faso, les enfants paient un lourd tribut à la crise sécuritaire qui sévit depuis plusieurs années. Plus de deux millions de personnes sont déplacées internes, dont une écrasante majorité sont des femmes et des enfants. L’accès à l’école est compromis dans des centaines de localités, les services de santé sont déstructurés, et la malnutrition infantile atteint des niveaux alarmants dans certaines régions.
Dans ce contexte, la mission de l’UNICEF est plus que jamais cruciale. Il s’agit non seulement d’apporter une aide d’urgence, mais aussi de contribuer à la reconstruction du tissu social et éducatif. Les attentes sont donc énormes, et la coordination avec les institutions nationales devient un impératif stratégique.
Vers une coopération renouvelée et responsable

La rencontre entre Dr Umutoni et le Premier ministre Ouédraogo inaugure une nouvelle phase de la coopération entre l’UNICEF et le Burkina Faso. Une coopération qui se veut à la fois plus responsable, plus enracinée, mais également plus exigeante. Le Gouvernement burkinabè attend de ses partenaires une posture alignée, respectueuse de sa souveraineté, et engagée aux côtés de ses populations.
De son côté, l’UNICEF, par la voix de sa Représentante, a réitéré son attachement aux valeurs fondamentales de protection de l’enfance, tout en s’engageant à adapter ses interventions aux réalités locales, sans démagogie ni posture bureaucratique.
Conclusion : L’enfant, boussole de l’action publique et internationale
Cette audience, qui aurait pu n’être qu’un simple rite diplomatique de bienvenue, aura été en réalité un signal fort. Le Burkina Faso affirme avec clarté que les enfants doivent être au centre de toute stratégie de résilience et de développement. L’UNICEF, en retour, confirme sa volonté de soutenir cette ambition.
Dans un monde fragmenté, miné par des conflits et des incertitudes croissantes, faire de l’enfant une priorité commune n’est pas seulement un impératif moral : c’est un choix politique audacieux, un pari sur l’avenir, et peut-être, la seule voie encore possible vers la paix durable.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon