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    Sahara occidentalLe parcours de M’hamed Hali, figure emblématique de la lutte pour les droits de l’Homme au Sahara occidental, est à la fois le récit d’une vocation brisée et d’un engagement inaltérable. À l’occasion de l’hommage international qui lui a été rendu cette semaine, ce militant sahraoui a rappelé, avec une dignité saisissante, la profondeur d’un combat entamé depuis des années : celui de faire triompher le droit, dans une terre où il est constamment piétiné.

    M’hamed Hali
    M’hamed Hali

    Cet hommage – qui s’apparente davantage à une consécration morale qu’à une réparation institutionnelle – est venu reconnaître non seulement les sacrifices personnels d’un homme, mais aussi l’injustice flagrante dont il continue d’être la victime : l’interdiction formelle qui lui est faite d’exercer la profession d’avocat dans son propre pays.

    Dans une déclaration émouvante, l’intéressé a souligné que ce prix « renforcera [sa] détermination à poursuivre la lutte pour obtenir [son] droit d’exercer la profession d’avocat ». Une profession dont l’accès, dans les conditions normales d’un État de droit, devrait être un simple aboutissement académique, mais qui devient au Sahara occidental occupé, une conquête périlleuse, presque révolutionnaire.

    « C’était mon rêve depuis de nombreuses années de travailler comme avocat spécialisé dans les droits de l’homme et de défendre les droits de mon peuple. »
    — M’hamed Hali

    Une lutte personnelle devenue cause universelle

    Ce que le cas de M’hamed Hali révèle, au-delà de sa propre histoire, c’est la mécanique bien huilée d’une répression silencieuse, systématique, opérée avec une froideur bureaucratique par les autorités marocaines. Car il ne s’agit pas simplement d’un refus administratif. Il s’agit d’un acte politique visant à neutraliser un homme, à le réduire au silence, à l’éloigner des prétoires où sa voix pourrait avoir un retentissement.

    Ce qui dérange chez M’hamed Hali, ce n’est pas seulement son activisme. C’est sa rigueur juridique, sa maîtrise du droit international, sa volonté de défendre, dans le cadre des lois, une cause que le Maroc considère comme subversive : le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Le système judiciaire marocain, dans une décision arbitraire et opaque, a décrété qu’il ne pouvait être admis à la profession d’avocat. Le motif ? Son engagement politique, sa dénonciation des violations des droits de l’Homme, sa participation à des forums internationaux sur le Sahara occidental.

    Une reconnaissance internationale tardive mais puissante

    Le prix qui lui a été décerné par un consortium d’organisations internationales n’est pas anodin. Il intervient après six années de mobilisation constante de la société civile mondiale. Des campagnes de sensibilisation, des rapports, des pétitions, des interventions officielles ont été menées pour dénoncer son exclusion.

    Le rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats s’est penché sur son cas, évoquant de graves atteintes au principe de non-discrimination dans l’accès à la profession. Plus récemment encore, le Secrétaire général des Nations unies lui-même a mentionné M’hamed Hali dans son rapport annuel sur la situation au Sahara occidental.

    « Ce prix est une reconnaissance de l’effort considérable qu’il fournit pour documenter une réalité que le Maroc tente de cacher au monde », a déclaré Toni Severon, avocate spécialisée dans le droit international humanitaire. Elle poursuit : « Il représente la voix de ceux qu’on a réduits au silence. »

    Une répression qui ne dit pas son nom

    Le Groupe de travail sur les droits de l’Homme au Sahara occidental occupé a salué cette distinction, y voyant un symbole fort. « Elle met en lumière les conditions désastreuses des droits de l’homme dans la région, en particulier pour les défenseurs comme M’hamed Hali qui opèrent dans une zone grise, où règnent l’arbitraire, l’impunité, et le contrôle absolu du narratif officiel. »

    Le blocus informationnel du territoire est total. Les journalistes internationaux, les observateurs des ONG et les rapporteurs indépendants sont systématiquement refoulés à leur arrivée. Ceux qui persistent sont suivis, intimidés, expulsés. Dans ce contexte, les défenseurs locaux, tels que Hali, deviennent les derniers remparts contre l’invisibilisation.

    Un symbole de résistance pacifique

    La trajectoire de M’hamed Hali n’est pas celle d’un activiste violent ou d’un opposant radicalisé. C’est celle d’un juriste formé dans les meilleures écoles, mû par une seule ambition : défendre les droits fondamentaux par les voies légales. Son exclusion témoigne de la peur que provoque, chez les autorités marocaines, toute forme d’activisme rationnel, structuré, non-violent, appuyé sur les textes et les conventions internationales.

    Il dédie son prix à « tous les défenseurs des droits de l’Homme sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines ». Une déclaration sobre, mais puissante, qui renvoie à la souffrance collective d’un peuple privé de voix. Certains, comme Naâma Asfari ou Sultana Khaya, paient également très cher leur engagement, entre détentions arbitraires, agressions, et harcèlements constants.

    Une injustice exemplaire

    Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Il s’agit d’un cas emblématique. Ce que l’on fait à M’hamed Hali, c’est ce que l’on fait à tout un peuple : le priver de tribune, l’empêcher de plaider sa cause, nier son existence politique et juridique. Et si le Maroc craint que M’hamed Hali prenne la parole dans un tribunal, c’est bien parce qu’il sait que ce dernier y mettrait en lumière les violations, les tortures, les expulsions, et le système de répression érigé en mode de gouvernance.

    La meilleure arme contre ce type d’oppression reste la vérité. Et dans le désert des silences forcés, M’hamed Hali demeure un puits de parole juste, une voix qui refuse de s’éteindre.

    Postface

    À travers la figure de M’hamed Hali, c’est toute la question du Sahara occidental qui refait surface dans l’opinion internationale. À l’heure où l’on parle de décolonisation inachevée, de peuples sans État, de territoires oubliés par le droit, son parcours rappelle que la défense des droits de l’Homme n’est jamais abstraite : elle s’incarne dans des visages, dans des rêves brisés, dans des carrières stoppées net, dans des vies vouées au combat.

    Il est encore temps, pour les instances internationales, d’exiger que ce juriste retourne dans une salle d’audience – non pas en tant qu’accusé, mais en tant qu’avocat. Et que la justice, enfin, rende justice à celui qui la défend avec tant de courage.

    Saidicus Leberger
    Pour Radio Tankonnon

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