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    Abidjan, mai 2025La scène politique ivoirienne, déjà secouée par les soubresauts d’un paysage partisan en pleine recomposition, vient d’être marquée par une décision judiciaire lourde de conséquences. Le tribunal d’Abidjan a rejeté la requête introduite par Valérie Yapo contre la direction du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), confirmant ainsi la légalité de la réélection de Tidjane Thiam à la tête du plus vieux parti politique du pays. Une décision attendue, mais qui n’apaise pas pour autant les incertitudes autour de l’avenir politique de l’ancien banquier international, dont l’éligibilité à l’élection présidentielle d’octobre 2025 reste, elle, suspendue à un autre front judiciaire.

    Tidjane Thiam
    Tidjane Thiam

    Une tentative avortée de suspension des organes du parti

    Au cœur de la procédure initiale, un recours engagé par Valérie Yapo, figure connue de l’aile critique du PDCI, qui demandait la suspension des organes dirigeants du parti et la désignation d’un administrateur provisoire. Son argumentaire ? La prétendue illégalité de la reconduction de Tidjane Thiam, intervenue selon elle dans des conditions entachées d’irrégularités, notamment du fait de sa démission annoncée peu de temps avant le congrès électif.

    Or, dans sa décision rendue publique cette semaine, le juge a balayé ces griefs, estimant que la réélection de M. Thiam a bien respecté les statuts du parti et les principes élémentaires du droit associatif. Mieux encore, le tribunal a rappelé que l’intéressé s’était désisté de sa démission avant le vote, rendant ainsi caduque la base même de la contestation.

    Pour de nombreux observateurs, cette décision vient conforter le leadership de Tidjane Thiam au sein d’un PDCI qui cherche à retrouver son lustre d’antan. Mais cette victoire juridique interne n’efface pas l’ombre pesante d’une autre bataille judiciaire, autrement plus décisive : celle de l’éligibilité de son leader à la magistrature suprême.

    Une radiation électorale controversée

    En effet, dans une autre affaire distincte, mais éminemment stratégique, la justice ivoirienne a ordonné la radiation de M. Thiam des listes électorales, arguant de sa perte automatique de la nationalité ivoirienne en vertu de l’article 48 du Code de la nationalité, suite à l’acquisition de la nationalité française. Une décision à fort retentissement, qui prive de facto l’ancien directeur général du Crédit Suisse de la possibilité de se présenter à la présidentielle d’octobre 2025, sauf revirement judiciaire ou législatif.

    Cette radiation repose sur une lecture stricte du droit ivoirien : l’article 48 prévoit que « perd la nationalité ivoirienne tout citoyen qui acquiert volontairement une nationalité étrangère », sauf autorisation préalable du gouvernement. Selon les services du ministère de l’Intérieur, Tidjane Thiam ne l’aurait pas obtenue, ce qui rend sa réintégration automatique juridiquement irrecevable.

    Une interprétation que conteste vigoureusement la défense de M. Thiam. Son avocat, maître Théodore Adjé, dénonce une application à la fois « rigide, partiale et discriminatoire » de la loi. Il rappelle que son client n’a jamais renié sa nationalité d’origine, et qu’il l’a même expressément revendiquée dans tous ses engagements publics. « La Côte d’Ivoire ne saurait se priver d’un de ses enfants les plus brillants sur la base d’un texte d’un autre âge, appliqué de manière sélective », s’est-il indigné devant la presse.

    Le spectre de la double nationalité en débat

    Le cas Thiam relance ainsi le vieux débat sur la question de la double nationalité en Côte d’Ivoire. Dans un pays où la diaspora joue un rôle croissant, où des millions d’Ivoiriens vivent, travaillent et prospèrent à l’étranger, parfois en acquérant une seconde citoyenneté, la question de la loyauté à la nation se pose avec une acuité nouvelle.

    Pour de nombreux juristes, l’article 48 mériterait d’être revisité, car il ne tient pas compte de la complexité des parcours diasporiques et de la pluralité identitaire des élites africaines contemporaines. À l’heure où le continent cherche à séduire ses enfants de l’étranger pour les impliquer dans le développement national, exclure l’un des siens pour un choix de parcours professionnel et de résidence semble pour beaucoup contre-productif.

    « La vraie question, ce n’est pas la nationalité, c’est l’engagement pour la nation », analyse le politologue Vincent Kouamé. « Tidjane Thiam a toujours parlé en Ivoirien, a toujours agi avec le souci de la patrie. Lui refuser la possibilité de se présenter, c’est envoyer un signal d’exclusion très dangereux. »

    Une énigme politique non résolue

    Pour l’heure, malgré cette double actualité judiciaire, une chose demeure certaine : Tidjane Thiam est toujours à la tête du PDCI. Sa légitimité interne est renforcée par la décision du tribunal, et il conserve, au sein du parti, un soutien massif, notamment chez les jeunes militants et les cadres modernistes.

    Mais son avenir présidentiel reste suspendu à l’issue des recours en cours, et à l’hypothétique intervention du Conseil constitutionnel ou d’un réexamen législatif. L’homme reste discret, prudent, concentré sur la réorganisation du PDCI, mais les regards sont tournés vers lui. Sera-t-il le candidat du changement ? Ou deviendra-t-il le symbole d’un verrouillage politique aux relents de règlement de comptes ?

    Le camp Thiam, de son côté, croit en une issue favorable. Il parie sur l’opinion, sur la pression populaire, sur le bon sens du droit. Il espère surtout que la Côte d’Ivoire ne fermera pas sa porte à un leadership d’ouverture, de compétence et de probité.

    Conclusion : un tournant historique pour la démocratie ivoirienne
    L’affaire Thiam dépasse le cadre d’une querelle interne de parti ou d’un contentieux administratif. Elle pose une question existentielle à la démocratie ivoirienne : celle de la capacité d’un pays à reconnaître ses talents, à accueillir la diversité de ses fils, à transcender les pesanteurs du passé pour embrasser la complexité de son avenir.

    La justice a parlé pour le PDCI. Reste maintenant à savoir si elle parlera pour la Nation.

    Saidicus Leberger
    Pour Radio Tankonnon 

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