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    Ouagadougou, 23 mai 2025C’est dans un contexte sous tension, marqué par une persistance des défis sécuritaires et un besoin criant de solidarité internationale, que le Premier ministre burkinabè, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a reçu en audience, ce vendredi, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão. Cette rencontre, d’une intensité diplomatique rare, aura permis aux deux hommes de tracer les contours d’un dialogue franc, sans faux-semblants, sur la réalité du Burkina Faso, pays en proie à un terrorisme multiforme et à une recomposition de ses équilibres nationaux.

    Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo et Leonardo Santos Simão
    Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo et Leonardo Santos Simão

    Depuis le 21 mai, le diplomate onusien séjourne au pays des Hommes intègres dans le cadre d’une mission officielle qui s’achèvera le 24 mai. Mais l’audience de ce vendredi, tenue à Ouagadougou, a constitué le point d’orgue de cette visite. Elle a offert au Chef du Gouvernement l’opportunité d’exposer sans fard la lecture burkinabè de la situation nationale, et d’interpeller, avec force, la conscience internationale sur la gravité de la crise sécuritaire et les attentes réelles des peuples du Sahel.

    « Nous souhaitons que les Nations Unies portent le message des nations en lutte pour leur souveraineté. L’ONU ne doit plus rester silencieuse face au parrainage du terrorisme dans le Sahel par certains pays dits puissants. »
    — Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, Premier ministre du Burkina Faso

    Une vérité politique assumée

    Les mots du Premier ministre n’ont pas tremblé. D’un ton grave mais mesuré, il a tenu à rappeler au Représentant spécial que la lutte contre le terrorisme au Sahel, loin d’être une question strictement sécuritaire, est aussi un enjeu de justice géopolitique. Car, selon lui, derrière la façade du chaos et des attaques djihadistes se cache une réalité plus cynique : celle d’un parrainage tacite – voire explicite – de groupes armés par des puissances extérieures poursuivant des agendas inavoués.

    Dans cette dénonciation, il n’est pas seulement question de diplomatie, mais d’un cri politique. Un appel lancé à l’ONU pour qu’elle cesse de s’abriter derrière une neutralité parfois complice, et assume enfin un rôle actif dans la défense des peuples en danger.

    Le Premier ministre a également critiqué la sémantique adoptée par certaines organisations internationales dans leur manière de désigner les acteurs du conflit sahélien. « Un terroriste est un terroriste », a-t-il martelé, rejetant avec vigueur toute tentative de euphémisation ou de relativisme lexical. Une mise au point nécessaire, dans un monde où le mot peut parfois devenir un instrument de manipulation.

    L’ONU à l’écoute d’un pays en résilience

    Face à cette franchise, Leonardo Santos Simão n’a pas fui le débat. Bien au contraire. À l’issue de la rencontre, le diplomate onusien a reconnu l’ampleur des défis auxquels le Burkina Faso fait face, notamment la montée en puissance d’un terrorisme sophistiqué, décomplexé, n’hésitant plus à enrôler des enfants dans ses logiques meurtrières. Une évolution préoccupante du phénomène, qui rend plus urgente encore la nécessité d’un accompagnement soutenu de la communauté internationale.

    « Je suis venu me renseigner sur l’évolution de la situation et voir dans quelle mesure les Nations Unies peuvent soutenir les efforts pour améliorer les conditions de vie des populations », a-t-il déclaré.

    De fait, les Nations Unies ne peuvent plus se contenter d’un rôle d’observateur passif. Le message est clair : le peuple burkinabè attend de l’organisation mondiale qu’elle soit un levier de mobilisation concrète, un partenaire engagé, un témoin actif de la résilience et du courage d’un pays qui refuse de plier sous la pression du terrorisme.

    M. Simão a promis de faire écho, dans ses rapports, de la complexité de la situation et des besoins exprimés. Il a assuré vouloir partager ces constats avec l’ensemble du Système des Nations Unies, et s’est engagé à poursuivre le plaidoyer pour un renforcement tangible du soutien au Burkina Faso.

    Des efforts internes salués, mais fragiles

    Le Premier ministre n’a pas manqué de mettre en lumière les efforts colossaux entrepris par les autorités nationales, tant au niveau de la sécurité que du développement. Il a évoqué la relance de l’agriculture, les initiatives de redynamisation économique, la réhabilitation des infrastructures et surtout les efforts en cours pour favoriser le retour des déplacés internes, contraints de fuir les zones devenues inhabitables du fait de la violence armée.

    Ces efforts sont salués, mais leur durabilité dépend en grande partie de la stabilité sécuritaire. Or, cette dernière reste fortement conditionnée à l’efficacité de la coopération internationale, notamment en matière de renseignement, de logistique militaire, d’aide humanitaire et de soutien aux services sociaux de base.

    Le dilemme du Sahel et la redéfinition des alliances

    Ce tête-à-tête entre le Burkina Faso et l’ONU s’inscrit aussi dans une redéfinition plus large des alliances géopolitiques dans le Sahel. Alors que les relations avec certains partenaires traditionnels se sont distendues, les pays de l’AES (Burkina Faso, Mali, Niger) explorent d’autres cadres de coopération, plus égalitaires, moins marqués par le paternalisme.

    Dans ce contexte, le rôle de l’ONU peut être crucial. Si elle parvient à incarner un soutien sincère, désintéressé, et respectueux de la souveraineté des États, elle pourrait devenir un allié stratégique dans la refondation des États sahéliens. À condition toutefois de sortir de la langue de bois et d’accepter d’interpeller, sans détour, les responsabilités extérieures dans la déstabilisation de la région.

    Conclusion : une opportunité historique

    La visite de Leonardo Santos Simão au Burkina Faso pourrait, si elle est suivie d’actes forts, constituer un tournant dans la relation entre l’ONU et le Sahel. Plus qu’une mission d’évaluation, ce déplacement a permis une confrontation de vérités : celle d’un pays en lutte pour sa survie et celle d’une institution internationale à la croisée des chemins.

    Entre le devoir de neutralité et l’impératif de justice, entre le respect des États et la protection des peuples, l’ONU est appelée à choisir. Le Burkina Faso, lui, a déjà choisi : rester debout, coûte que coûte, fidèle à sa dignité, fidèle à sa souveraineté.

    Et dans cette lutte, il n’attend ni pitié, ni charité. Seulement la vérité, la justice, et une solidarité digne de ce nom.

    Saidicus Leberger
    Pour Radio Tankonnon

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