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  • Assemblée générale de la BAD à Abidjan : une Afrique à la croisée de ses capitaux, en quête d’un nouveau souffle présidentiel

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    ABIDJAN, 24 MAI 2025C’est un rendez-vous continental majeur qui s’ouvre ce lundi 26 mai 2025 dans la capitale économique ivoirienne. Le prestigieux Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, théâtre de grands événements internationaux, accueillera les Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), avec pour ambition affirmée de repenser les leviers du développement du continent à travers un thème d’une actualité brûlante :
    « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ».

    Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina
    Le président de la BAD, Akinwumi A. AdesinaLe président de la BAD, Akinwumi A. Adesina

    Cette édition, attendue avec solennité dans les milieux diplomatiques, économiques et académiques, s’annonce décisive à plusieurs titres : contexte géopolitique tendu, enjeux climatiques pressants, transition numérique accélérée, pression démographique croissante, et surtout, fin de mandat d’un président charismatique, le Nigérian Akinwumi Adesina, qui laissera sa place à un nouveau capitaine de navire au terme de deux quinquennats d’activisme diplomatique et économique à la tête de la BAD.

    Une Afrique riche de ses capitaux, mais pauvrement structurée
    En plaçant au cœur de ses travaux le concept de « capital africain », la Banque entend dépasser les discours convenus sur la pauvreté du continent pour rediriger l’attention vers ses ressources stratégiques souvent sous-exploitées. Il s’agit de capital humain – cette jeunesse dynamique et en pleine expansion démographique ; de capital naturel – gisements miniers, forêts, biodiversité, eau, sols fertiles et rayonnement solaire ; de capital financier – fonds souverains, banques de développement, diasporas et systèmes de transfert ; et enfin de capital commercial – zone de libre-échange continentale, corridors régionaux, hubs logistiques, et marchés frontaliers.

    « Le défi n’est pas de chercher à combler une absence de ressources, mais de bâtir des architectures institutionnelles capables de canaliser, sécuriser et maximiser l’impact de ces ressources dans une perspective durable », commente Dr Kadiatou Sow, économiste burkinabè membre du Comité technique de la BAD.

    Le continent africain, en effet, représente 60 % des terres arables non cultivées du globe, 30 % des ressources minières mondiales et abrite plus de 1,4 milliard d’individus, dont une majorité âgée de moins de 25 ans. Pourtant, selon la BAD elle-même, plus de 40 % des jeunes restent sans emploi ni formation, et les flux illicites financiers draineraient hors du continent près de 88 milliards de dollars par an.

    Une transition vers des économies plus inclusives, vertes et résilientes

    L’un des objectifs majeurs de ces assises est de redéfinir la structure des économies africaines à la lumière des bouleversements du XXIe siècle. Dans une approche résolument holistique, la BAD ambitionne de promouvoir une croissance qui soit à la fois inclusive, respectueuse de l’environnement et résiliente face aux chocs exogènes.

    En ligne de mire : les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les engagements de l’Accord de Paris sur le climat, et bien entendu, les fameux « High 5 » de la BAD (Électrifier l’Afrique, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique, Améliorer la qualité de vie des Africains).

    À travers plusieurs panels de haut niveau, ateliers techniques et sessions plénières, les experts discuteront également de transformation numérique, de renforcement institutionnel, de bonne gouvernance et de mobilisation des ressources internes, tout en examinant les voies d’attraction des capitaux internationaux sans perdre de vue la souveraineté économique du continent.

    Une élection stratégique pour un avenir continental

    Mais au-delà des considérations techniques, l’édition 2025 des Assemblées annuelles aura une portée hautement politique : l’élection d’un nouveau président à la tête du Groupe de la Banque. À quelques jours du scrutin prévu le 29 mai, les regards se tournent vers les cinq candidats en lice, chacun porteur d’une vision singulière, d’un vécu institutionnel riche, et d’un agenda de réformes à défendre :

    1. Amadou Hott (Sénégal) – Ancien ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ancien vice-président de la BAD, il mise sur son expérience multilatérale et son entregent diplomatique pour prôner une BAD plus proactive dans les investissements verts et le financement des PME africaines.
    2. Maibo Samuel Munzele (Zambie) – Ancien gouverneur de la Banque centrale zambienne, fin connaisseur des politiques monétaires africaines, il plaide pour un rôle renforcé de la BAD dans la stabilité macroéconomique et l’intégration régionale.
    3. Tah Sidi Ould (Mauritanie) – Économiste et ancien cadre du FMI, il promet de repositionner la BAD comme une « institution de proximité », axée sur l’impact communautaire, la digitalisation rurale et la lutte contre les inégalités géographiques.
    4. Tolli Abbas Mahamat (Tchad) – Ancien haut fonctionnaire de la CEMAC, très implanté dans les réseaux de l’Afrique centrale, il entend orienter l’action de la Banque vers les zones fragiles et les États en reconstruction post-crise.
    5. Tshabalala Bajabulile Swazi (Afrique du Sud) – Femme d’affaires et ancienne administratrice de la Standard Bank Group, elle se distingue comme la seule femme de la compétition. Son discours met en avant la gouvernance, le climat et l’égalité de genre dans l’accès au financement.

    Une BAD en mutation, entre héritage et rupture

    Le successeur de Dr Akinwumi Adesina, salué pour son énergie réformatrice, aura la lourde tâche de maintenir l’équilibre entre la vision panafricaine et les réalités politiques nationales, entre l’innovation financière et la prudence monétaire, entre l’urgence sociale et la rigueur budgétaire. Adesina aura, au cours de ses deux mandats, accru considérablement le portefeuille de la Banque, lancé d’ambitieux projets tels que Desert to Power, et renforcé la visibilité de l’institution sur la scène mondiale.

    Mais les défis restent immenses : dette publique croissante dans plusieurs pays africains, instabilité institutionnelle, retard dans l’industrialisation, faible mobilisation des recettes fiscales, dépendance à l’aide extérieure, et lenteur dans la mise en œuvre des projets structurants.

    Abidjan, capitale continentale du débat économique

    Pendant cinq jours, chefs d’État, ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales, investisseurs privés, ONG, universitaires et journalistes fouleront le sol ivoirien pour débattre, négocier, signer des protocoles d’accords, et surtout construire un narratif nouveau autour de l’autonomie économique africaine.

    Le choix d’Abidjan, siège historique de la Banque, n’est pas anodin. La Côte d’Ivoire, considérée comme l’un des pôles de croissance de la sous-région ouest-africaine, entend profiter de cet événement pour confirmer son leadership économique et diplomatique.

    Vers une nouvelle ère ?

    Le 30 mai au soir, l’Afrique connaîtra le nom de la femme ou de l’homme appelé(e) à conduire l’institution continentale de développement pour les cinq prochaines années. Ce ou cette dirigeant(e) devra conjuguer une compréhension fine des contraintes structurelles et une capacité à dialoguer avec les bailleurs mondiaux, tout en gardant l’oreille attentive aux réalités africaines les plus locales.

    Dans un monde fracturé, l’Afrique ne peut se permettre de naviguer à vue. Elle doit construire son avenir en capitalisant sur ses propres forces. Et la Banque africaine de développement, fidèle à son mandat depuis sa création en 1964, restera sans doute l’un de ses outils les plus puissants.

    Saidicus Leberger

    Pour Radio Tankonnon

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