Patrimoine et justice : entre enracinement culturel au Burkina Faso et débats sur l’indépendance judiciaire en Côte d’Ivoire
Alors que le Burkina Faso célèbre son mois du patrimoine culturel sous le signe du développement économique enraciné dans les traditions, la Côte d’Ivoire est secouée par une controverse institutionnelle entre magistrats et avocats sur la question de l’indépendance judiciaire à l’approche d’une échéance électorale sensible. Deux pays, deux contextes, mais une même quête : préserver l’identité et garantir la justice.

Au Tuy, un mois pour « découvrir, faire découvrir et célébrer » l’héritage culturel
Le mardi 6 mai 2025, dans l’enceinte solennelle de la direction provinciale des eaux et forêts du Tuy, le drapeau national a été hissé dans une atmosphère imprégnée de civisme et de ferveur patriotique. À cette occasion, le Haut-commissaire de la province, Issiaka Segda, a prononcé un discours empreint de noblesse, enjoignant les forces vives de sa circonscription à s’approprier activement le mois du patrimoine culturel burkinabè, célébré du 18 avril au 18 mai.
« Engageons-nous avec ferveur durant ce mois dédié au patrimoine culturel, à découvrir, faire découvrir et célébrer notre héritage commun », a-t-il déclaré, invitant les citoyens à ne pas se contenter d’une célébration de façade, mais à intégrer les valeurs culturelles au cœur de leur quotidien.
La thématique de cette édition, « Patrimoine culturel et développement économique », n’a rien d’anecdotique. Elle engage une réflexion profonde sur la manière dont les croyances, traditions, arts, et savoir-faire endogènes peuvent devenir des vecteurs durables de croissance et de mieux-être collectif. À l’heure où le Burkina Faso aspire à plus de résilience dans un contexte sécuritaire et économique contraint, la valorisation du patrimoine apparaît comme une réponse stratégique.
Le directeur provincial des eaux et forêts, Paulin Bationo, a salué cette initiative dans un vibrant plaidoyer en faveur de la sauvegarde de l’environnement. Il a exhorté les forces vives à conjuguer patriotisme et conscience écologique, rappelant que la protection de la biodiversité est indissociable de la transmission des savoirs traditionnels liés à la terre.
La cérémonie s’est achevée sur un acte symbolique mais fort de sens : une plantation d’arbre, promesse silencieuse faite aux générations futures, enracinée dans l’engagement pour la terre et la mémoire.
À Abidjan, la justice au cœur d’un dialogue institutionnel tendu
Pendant que le Burkina Faso célèbre les racines culturelles de son peuple, la Côte d’Ivoire se penche sur les fondations de son édifice républicain : l’indépendance de la justice. Le 2 mai 2025, à travers une déclaration solennelle lue par Maître Messan Tompieu, l’Ordre des Avocats de Côte d’Ivoire sonnait l’alerte sur « la situation pré-électorale en Côte d’Ivoire : la paix par le droit ». Un message limpide : à quelques mois d’un scrutin crucial, l’institution judiciaire doit impérativement incarner la neutralité, la rigueur et l’impartialité.
La réplique n’a pas tardé. Le 7 mai, le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), par la voix du président des sessions Kanvaly Diomandé, a publié une déclaration visant à apaiser les inquiétudes du Barreau tout en réaffirmant son autorité.
S’appuyant sur l’article 5 de la loi organique n° 2022-221 du 25 mars 2022, le CSM a rappelé que l’indépendance de la magistrature ne saurait être négociable, et que son rôle consiste précisément à veiller au respect des règles déontologiques encadrant l’activité judiciaire. « Le Conseil Supérieur de la Magistrature tient à rassurer le Barreau, l’opinion nationale et internationale », indique le communiqué, dans une volonté manifeste d’apaisement institutionnel.
Mais au-delà de l’échange feutré entre robes noires et robes rouges, c’est l’image d’un État de droit que se dessine en creux. La confiance des citoyens dans la justice est un pilier essentiel de toute démocratie, et dans un contexte électoral où les passions peuvent facilement l’emporter sur la raison, le rôle modérateur des institutions judiciaires devient d’autant plus stratégique.
En invitant les avocats à signaler tout manquement à la déontologie ou atteinte à l’indépendance, le CSM tente de transformer une crispation en dynamique de coopération. Reste à savoir si cette main tendue sera saisie et si les tensions latentes pourront se dissiper sans compromettre la sérénité du processus électoral.
Deux nations, un même idéal : construire en s’appuyant sur ses fondations
Ainsi, du Tuy à Abidjan, se dessinent les contours d’un double engagement : celui de se ressourcer dans les valeurs identitaires pour bâtir l’avenir, et celui de défendre les principes démocratiques qui garantissent l’équilibre et la stabilité des institutions.
Qu’il s’agisse de planter un arbre en terre burkinabè ou de rappeler les garde-fous juridiques en terre ivoirienne, chaque geste résonne comme un acte de foi en la capacité des sociétés africaines à se réinventer, sans jamais renier leurs fondements.
Saidicus Leberger
Pour Faso Patriotes TV