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  • Liberté provisoire pour le syndicaliste Ghislain Assy dit Dugarry : une décision sous haute pression sociale

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    Dans une atmosphère empreinte de tension sociale et d’attente syndicale, le procureur de la République a prononcé ce mercredi une mesure de liberté provisoire en faveur de l’enseignant et syndicaliste Ghislain Assy, plus connu sous le sobriquet de « Dugarry ». Incarcéré depuis le mois d’avril et condamné à 24 mois de prison ferme, l’activiste du monde éducatif ivoirien faisait l’objet d’une intense mobilisation de la part des organisations syndicales, qui n’avaient de cesse de réclamer sa libération.

    Ghislain Assy alias Dugarry.
    Ghislain Assy alias Dugarry.

    Cette décision judiciaire, bien que saluée par certains, demeure encadrée par des restrictions strictes : l’interdiction formelle de quitter le territoire national et l’obligation de se présenter tous les lundis devant les autorités judiciaires. Autant de conditions qui témoignent du caractère encore prudent de cette mesure, sans pour autant atténuer la charge symbolique que représente la mise en liberté, même provisoire, d’un homme devenu en quelques semaines une figure de proue de la résistance syndicale.

    Un procès au goût amer pour les syndicats

    Condamné le 8 avril 2025 pour « coalition d’agents publics » et « entrave au fonctionnement des services publics », Ghislain Assy avait vu sa situation judiciaire soulever une vague d’indignation à travers le pays. Les griefs retenus contre lui découlaient de sa participation active à plusieurs mouvements de grève et manifestations organisés par les intersyndicales de l’éducation nationale et de la formation technique. Des actions que le parquet avait jugées contraires à l’ordre public, tandis que les syndicats y voyaient l’expression légitime d’un droit constitutionnel.

    L’affaire Assy a ainsi cristallisé les tensions latentes entre les pouvoirs publics et les mouvements syndicaux, à l’heure où le climat social demeure marqué par des revendications persistantes sur les conditions de travail, les salaires et la gouvernance du secteur éducatif. En ce sens, la condamnation du syndicaliste avait été perçue par ses pairs comme une tentative manifeste d’intimidation, voire une atteinte à la liberté syndicale.

    La rue syndicale se mobilise : une pression multiforme

    Dès l’annonce de la sentence, les principales centrales syndicales du pays, notamment l’Intersyndicale des enseignants du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (IS-MENA) ainsi que celle du ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (IS-METFPA), sont montées au créneau. Le 6 mai, à la veille de l’octroi de la liberté provisoire, une réunion stratégique s’est tenue à Abidjan, durant laquelle les deux entités ont réitéré avec fermeté leur exigence de libération immédiate et inconditionnelle de leur camarade.

    Cette revendication, déjà exprimée avec vigueur lors des célébrations de la fête du Travail, avait reçu l’appui retentissant du président de la Confédération ivoirienne des syndicats libres Dignité (ASLCI-Dignité), Elie Boga Dago. Celui-ci, dans un discours remarqué, avait lancé un appel solennel à la justice ivoirienne : « La confédération Dignité appelle à la libération du syndicaliste Ghislain Assy alias Dugarry. L’État de droit ne saurait s’accommoder d’une répression des voix ouvrières. »

    Une liberté surveillée, entre soulagement et vigilance

    Si la décision du procureur représente indéniablement un tournant, elle n’est pas de nature à éteindre la vigilance des syndicats. Plusieurs leaders syndicaux, tout en saluant la mesure, ont annoncé leur intention de maintenir la pression jusqu’à l’obtention d’un non-lieu complet. « Nous accueillons cette libération provisoire comme une première victoire morale, mais la lutte n’est pas terminée », a déclaré un membre influent de l’IS-MENA, avant d’ajouter : « Dugarry ne doit pas seulement être libre de ses mouvements, il doit être blanchi de toute accusation infondée. »

    Dans les établissements scolaires, notamment à Abidjan, Bouaké et Daloa, l’annonce de cette décision a été reçue avec un soulagement mêlé de prudence. Des enseignants interrogés expriment à la fois leur joie de voir l’un des leurs sortir de détention, et leur inquiétude quant aux signaux envoyés par cette affaire sur le devenir du droit syndical dans le pays.

    Un test pour l’État de droit en Côte d’Ivoire

    Au-delà du cas personnel de Ghislain Assy, cette affaire renvoie à une question plus large : celle de l’équilibre entre autorité publique et liberté syndicale dans un État démocratique. Pour plusieurs observateurs, la condamnation initiale du syndicaliste s’inscrit dans une tendance plus générale de crispation entre les institutions étatiques et les corps intermédiaires.

    « L’infraction de coalition d’agents publics est souvent utilisée de manière floue pour brider les mouvements syndicaux », estime un juriste proche des milieux de défense des droits humains. « La liberté syndicale est pourtant consacrée par la Constitution ivoirienne, et toute mesure coercitive à l’égard d’un syndicaliste devrait faire l’objet d’un strict contrôle de proportionnalité. »

    Vers un apaisement ou un bras de fer prolongé ?

    Alors que l’année scolaire touche à sa fin, l’affaire Dugarry pourrait encore avoir des répercussions sur le climat social. L’IS-MENA et l’IS-METFPA envisagent une série de consultations avec leurs bases pour déterminer les prochaines étapes du combat syndical. La demande de levée des restrictions pesant sur Ghislain Assy pourrait se transformer en cheval de bataille dans les semaines à venir.

    Le gouvernement, quant à lui, n’a pas encore officiellement réagi à cette évolution judiciaire. Mais dans les coulisses, certains proches du pouvoir espèrent que cette liberté provisoire contribuera à désamorcer une tension sociale devenue difficilement soutenable.

    Une chose est sûre : dans les salles des maîtres comme dans les amphithéâtres, le nom de Dugarry restera comme un symbole de résistance pour nombre d’enseignants, qui voient en lui l’incarnation d’une voix libre, fière, et déterminée à défendre la dignité du corps enseignant.

    Saidicus Leberger

    Pour Radio Tankonnon

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