Sharaph Coulibaly, l’étoile constante du reggae burkinabè : de la consécration en 2019 aux portes de la légende en 2025
Ouagadougou – Six années se sont écoulées depuis ce soir incandescent de 2019 où, devant un public en liesse et des professionnels unanimes, Sharaph Coulibaly recevait le Marley d’or du Meilleur Concert. Une distinction qui couronnait alors un artiste au sommet de sa forme, capable de transcender les frontières du reggae africain par la fougue de ses prestations et la sincérité de son message. Aujourd’hui, en cette année 2025, c’est une nouvelle séquence qui s’ouvre dans le parcours de cet enfant du pays devenu emblème d’une génération : Sharaph revient en force avec trois nominations majeures aux Marley d’or – la plus haute distinction de la musique reggae au Burkina Faso.

L’homme d’un public fidèle, d’un message sans compromis
Sharaph Coulibaly n’est pas un météore dans le ciel musical du Faso. Depuis ses débuts, il incarne une forme rare de cohérence entre l’artiste et l’homme, entre la scène et la rue, entre la musique et l’engagement. Si ses chansons résonnent dans les quartiers de Bobo-Dioulasso, Ouaga ou Banfora, c’est qu’elles puisent leur matière dans le quotidien de ceux qu’on écoute trop peu : les laissés-pour-compte, les oubliés des politiques publiques, les enfants des rues, les artisans de l’ombre. Sharaph parle vrai, et son public le lui rend bien.
L’amour populaire ne se mesure pas seulement en acclamations : il se compte désormais en SMS envoyés au 3167, un chiffre court mais à la charge symbolique immense pour des milliers de fans mobilisés à travers le pays. Ils votent pour le Marley du Public, une récompense qui n’est décernée par aucun jury, mais par les cœurs.
Trois nominations, une promesse : écrire l’histoire
Les éditions des Marley d’or sont souvent marquées par des révélations, parfois par des revanches. Celle de 2025 pourrait être, à bien des égards, celle de la consécration durable pour Sharaph Coulibaly. Le triple coup de projecteur dans les catégories Marley d’or, Marley du Meilleur Concert et Marley du Public n’est pas anodin. Il souligne une triple reconnaissance : celle de ses pairs, celle de la critique, et celle du peuple.
Son dernier concert au Stade Wobi, devenu légendaire en l’espace d’une nuit, en a été le point d’orgue : une mise en scène sobre mais percutante, des textes ciselés, une maîtrise scénique éblouissante, et surtout, un appel vibrant à la paix, à la justice et à la mémoire des ancêtres. Cette performance, unanimement saluée, a marqué un tournant dans la carrière de l’artiste. « Je ne joue pas pour être applaudi, je chante pour que quelque chose en nous se réveille », déclarait-il ce soir-là. Il ne croyait pas si bien dire.

Une trajectoire nourrie de luttes et d’humilité
Sharaph Coulibaly n’a jamais emprunté les raccourcis. Sa musique, empreinte de roots authentique, refuse les compromis commerciaux. Il demeure fidèle à l’esthétique reggae originelle, mais l’enrichit de nuances propres au terroir burkinabè : tam-tams mossis, envolées dioula, métaphores proverbiales. Son style, identifiable entre mille, le place dans la lignée des légendes africaines du reggae, tout en le distinguant par une voix singulière, à la fois grave et fraternelle.
S’il multiplie les scènes et les festivals à travers le continent – de Bamako à Abidjan, de Lomé à Douala –, Sharaph reste profondément enraciné dans sa terre natale. Il investit dans des projets sociaux, anime des ateliers pour les jeunes artistes, soutient des campagnes d’alphabétisation. « Le reggae n’est pas un simple genre musical, c’est une façon de vivre, de résister, d’aimer », affirme-t-il avec ferveur. Une philosophie qu’il incarne au quotidien.

2025, l’année du grand virage ?
Les Marley d’or 2025 pourraient faire basculer Sharaph Coulibaly dans une nouvelle dimension. Déjà respecté, il pourrait devenir figure tutélaire du reggae burkinabè, voire panafricain. À 36 ans, il est à la croisée des chemins : suffisamment mûr pour porter une génération, mais encore jeune pour surprendre, innover, transmettre. Son triple statut de nominé l’invite à affronter ses pairs avec noblesse, et à offrir une nouvelle performance à la hauteur de l’attente collective.
Pour beaucoup, le Marley d’or suprême – souvent réservé aux carrières d’exception – serait un aboutissement légitime. Mais Sharaph ne semble pas obsédé par la récompense. « Ce que je cherche, c’est l’écho. Pas l’écho des micros, mais celui du message dans les âmes. »

La dernière note n’est pas encore jouée…
L’avenir dira si cette édition 2025 restera dans les annales comme l’année Coulibaly. Une chose est sûre : le reggae burkinabè, dans un monde agité par les turbulences, a encore besoin de ses voix les plus sincères. Et Sharaph Coulibaly, porté par l’amour indéfectible de son public, en est une des plus vibrantes.
Les votes sont ouverts. La course est lancée.
Pour soutenir Sharaph Coulibaly : envoyez M1 au 3167 par SMS.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon