OFFICIEL — Interdiction des femmes transgenres dans le football féminin : la Fédération anglaise acte une décision historique et controversée
Londres, 2 mai 2025 — C’est une onde de choc qui traverse le monde du sport, de la politique et des droits humains. Ce jeudi, la Fédération anglaise de football (FA) a officiellement annoncé l’interdiction des femmes transgenres de participer aux compétitions féminines sous son autorité. Cette décision, qui entrera en vigueur le 1er juin prochain, fait suite à un arrêt de la Cour suprême du Royaume-Uni définissant la notion légale de « femme » selon des critères biologiques à la naissance. Un tournant juridique et sociétal majeur, applaudi par certains, décrié par d’autres, et qui ravive les débats les plus vifs autour du sport, du genre et de l’équité.

⚖️ Une décision juridique aux conséquences sportives
C’est dans un arrêt rendu le mois dernier que la Cour suprême britannique a entériné une définition stricte et restrictive du genre féminin, statuant qu’« une femme, au sens de la loi, est une personne de sexe biologique féminin à la naissance, sauf indication contraire explicite dans un texte législatif donné. »
À peine ce jugement rendu, la FA, jusque-là plutôt conciliante et inclusive, a revu sa politique. Dans un communiqué officiel publié ce matin, l’instance dirigeante du football anglais précise :
« À la lumière de la décision de la Cour suprême, et dans un souci de conformité légale, d’équité sportive et de protection de l’intégrité compétitive, la Fédération mettra fin, à compter du 1er juin 2025, à l’éligibilité des joueuses transgenres assignées hommes à la naissance dans toutes les compétitions féminines. »
Cette clarification met un terme à un flou réglementaire qui prévalait depuis plusieurs années et qui, selon la FA, générait des inégalités, des controverses et une pression croissante de la part des clubs, des associations sportives et de certains segments de la société civile.
⚽ Un sport sous tension : entre équité et inclusion
La décision a aussitôt déclenché une avalanche de réactions, dans tous les camps. Pour ses partisans, cette interdiction ne fait que rétablir un principe fondamental du sport : l’équité compétitive. Le groupe Fair Play for Women, l’un des principaux collectifs militants en faveur de cette mesure, s’est félicité de « la fin d’un contresens biologique et d’une injustice silencieuse à l’égard des sportives de haut niveau. »
D’autres voix, cependant, s’élèvent avec force contre ce qu’elles perçoivent comme une exclusion discriminatoire. Stonewall, l’organisation emblématique de la défense des droits LGBTQ+ au Royaume-Uni, dénonce une « attaque frontale contre la dignité et l’existence des personnes transgenres », qualifiant la décision d’« archaïque, cruelle et inutilement stigmatisante. »
L’ancienne joueuse professionnelle transgenre Natalie Washington, qui avait milité pendant des années pour une meilleure inclusion des femmes trans dans le football, a exprimé sa désolation sur les réseaux sociaux :
« Je suis terriblement triste. Pas seulement pour moi, mais pour toutes ces jeunes filles trans qui rêvaient de jouer un jour dans une équipe féminine. On leur ferme la porte, non pas pour des raisons de sécurité ou de performance, mais par peur et incompréhension. »
🧬 Le débat scientifique : performances et identité
L’une des pierres angulaires du débat réside dans l’argument biologique. Selon plusieurs études scientifiques, les femmes transgenres ayant subi une transition hormonale conservent, en partie, des avantages physiologiques issus de la puberté masculine : densité osseuse, capacité pulmonaire, force musculaire.
Pour certains biologistes, cela justifie des restrictions dans les sports genrés, où de faibles écarts de performance peuvent avoir un impact considérable sur les résultats. Mais d’autres chercheurs, et notamment ceux œuvrant dans une optique intersectionnelle, rappellent que l’hétérogénéité des corps féminins rend difficile toute généralisation. « Le sport féminin n’est pas homogène. Il y a des femmes cisgenres très puissantes et d’autres moins. L’argument de l’avantage inné est souvent biaisé », soutient la professeure Anne Fausto-Sterling, experte de la biologie du genre.
🌍 Une décision à contre-courant ou une tendance globale ?
La FA n’est pas seule dans cette voie. Depuis 2022, World Rugby, FIFA, World Athletics ou encore la FINA (fédération internationale de natation) ont adopté, avec des degrés variables, des politiques d’exclusion ou de restriction vis-à-vis des femmes transgenres.
En France, l’interdiction a été suspendue à la suite d’un avis défavorable du Conseil d’État. En Espagne, le ministère des Sports défend une inclusion totale. Aux États-Unis, la situation varie selon les États, avec une polarisation extrême.
Ainsi, la décision anglaise, bien que choquante pour certains, s’inscrit dans une dynamique internationale qui voit les grandes institutions sportives tenter de redéfinir les critères d’appartenance aux catégories genrées, dans un contexte de pressions politiques, juridiques et médiatiques.
🏛️ Une faille dans le contrat social ?
Au-delà du sport, cette décision cristallise une fracture plus large : celle de la société britannique autour de la question transgenre. Depuis le Brexit et la montée du conservatisme politique, le Royaume-Uni est régulièrement critiqué pour un recul des droits LGBTQ+, notamment en Écosse où le gouvernement local a tenté d’élargir la reconnaissance du genre légalement, contre l’avis de Westminster.
Le philosophe et activiste Paul B. Preciado dénonce un « retour à une biopolitique punitive », où les institutions redéfinissent l’humain par la biologie, contre la fluidité des identités contemporaines. « Le sport est devenu le champ de bataille d’un conflit plus vaste sur ce que signifie être une femme », déclare-t-il dans The Guardian.
🔮 Et maintenant ?
Le 1er juin marquera un tournant décisif. Dès cette date, toute joueuse transgenre souhaitant évoluer dans une ligue féminine sous la tutelle de la FA en sera exclue, quels que soient son parcours de transition, son taux hormonal ou ses années d’engagement dans le sport.
Les conséquences sociales, psychologiques et politiques de cette mesure restent à évaluer. Des recours juridiques pourraient être engagés, des protestations organisées, des défections envisagées.
Dans ce tumulte, une certitude demeure : le sport, loin d’être un simple jeu, est désormais le théâtre des grandes batailles éthiques de notre temps.
À suivre. Car le football, miroir du monde, n’a pas fini de nous mettre face à nos contradictions.
Par Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon