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    Dakar, avril 2025Au cœur d’un climat politique chargé d’attentes citoyennes et de volonté affichée de rupture avec les pratiques anciennes, le Sénégal s’apprête à vivre un moment crucial de son histoire institutionnelle. L’ombre austère de la Haute Cour de justice se profile sur d’anciens membres influents du gouvernement de Macky Sall, visés par de potentielles poursuites pour détournement présumé de fonds publics. En toile de fond : la gestion controversée des ressources allouées à la riposte contre la pandémie de COVID-19.

    Une manifestation exigeant l'indépendance du système judiciaire à Dakar, au Sénégal (Photo AP)
    Une manifestation exigeant l’indépendance du système judiciaire à Dakar, au Sénégal (Photo AP)

    Dans une atmosphère où l’exigence de transparence est portée comme un flambeau par les nouvelles autorités et une opinion publique de plus en plus intransigeante, le parquet général près la Cour d’appel de Dakar a franchi un pas décisif. Lors d’une conférence de presse tenue la semaine passée, le procureur général a annoncé, de manière sobre mais lourde de conséquences, la transmission à l’Assemblée nationale des dossiers de cinq anciens ministres. Une déclaration qui a immédiatement fait l’effet d’un séisme dans les cercles politiques dakarois, même si les noms n’ont pas été officiellement divulgués.

    Cependant, selon plusieurs sources concordantes relayées notamment par le quotidien L’Observateur, deux figures connues émergent au cœur de cette tourmente judiciaire : Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel, et Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, par ailleurs beau-frère de l’ancien président Macky Sall.

    L’ombre de la pandémie : une gestion désormais scrutée

    La pandémie de COVID-19, qui avait provoqué un état d’urgence sanitaire sans précédent entre 2020 et 2021, avait également entraîné un afflux massif de fonds publics et d’aides internationales. Si ces ressources devaient initialement répondre à l’impératif de résilience sociale et sanitaire, elles sont aujourd’hui au cœur d’accusations graves : marchés fictifs, prestations facturées mais jamais exécutées, surfacturations massives et irrégularités dans les décaissements.

    Selon les premiers éléments de l’enquête, certaines de ces anomalies concerneraient des programmes d’aide alimentaire d’urgence, des fournitures médicales jamais livrées, ou encore des contrats attribués sans appels d’offres ni justificatifs administratifs solides. Si ces faits sont avérés, ils témoigneraient d’un vaste système de prédation mis en place au cœur même d’une crise sanitaire mondiale.

    Pour l’heure, les deux ministres mentionnés dans la presse nient catégoriquement les faits. Mansour Faye, plus particulièrement, est monté au créneau, dénonçant une « démarche politique » et des « tentatives de règlement de comptes ». Il affirme que sa gestion fut conforme à toutes les règles de bonne gouvernance et se dit prêt à répondre devant toute juridiction.

    Une procédure inédite en marche

    Le Sénégal n’a que très rarement activé le mécanisme complexe de la Haute Cour de justice. Cette juridiction exceptionnelle, prévue pour juger les infractions commises par les plus hautes autorités de l’État dans l’exercice de leurs fonctions, incarne à la fois la solennité et la gravité du moment. Pour qu’une telle procédure aboutisse, plusieurs verrous institutionnels doivent être déverrouillés.

    En effet, la mise en accusation d’anciens ministres nécessite, en amont, l’implication de plusieurs organes de l’Assemblée nationale : le Bureau, la Conférence des présidents, la Commission des lois, et enfin, l’approbation par vote en séance plénière d’une résolution officielle autorisant l’ouverture de l’instruction.

    Si la majorité actuelle, acquise au président Bassirou Diomaye Faye, choisit d’aller jusqu’au bout de cette démarche, il faudra compter sur une volonté politique claire, une rigueur juridique indiscutable, et un haut sens de la justice pour éviter toute instrumentalisation partisane.

    Un virage institutionnel décisif

    Pour de nombreux observateurs, cette procédure, si elle aboutit, pourrait marquer un tournant capital dans la manière dont le Sénégal traite les affaires de gouvernance et de redevabilité. Depuis l’investiture du président Faye, les attentes d’une justice impartiale, indépendante et audacieuse n’ont cessé de croître.

    « Nous assistons peut-être à l’ouverture d’un nouveau chapitre dans l’histoire démocratique du Sénégal », analyse un constitutionnaliste de l’Université Cheikh Anta Diop. « La Haute Cour de justice n’est pas une simple formalité : elle engage l’image de l’État, la solidité des institutions, et la cohésion nationale. Si elle est mobilisée dans le respect du droit, elle pourrait restaurer durablement la confiance entre gouvernants et gouvernés. »

    La société civile, pour sa part, s’est montrée extrêmement vigilante. Plusieurs plateformes citoyennes, comme Y’en a Marre ou Sunu État, ont salué les premières démarches du parquet, tout en exigeant la transparence absolue dans la suite de la procédure. « Ce n’est pas une chasse aux sorcières que nous souhaitons, mais la fin de l’impunité », a déclaré l’un des porte-parole de la coalition des organisations pour la reddition des comptes.

    Le dilemme d’une justice sous tension

    Dans un contexte sous haute tension, l’institution judiciaire sénégalaise marche sur une corde raide. Entre la nécessité de faire justice, la prudence institutionnelle, et la vigilance politique, chaque faux pas pourrait être lourd de conséquences. Le risque de voir ce processus être perçu comme une vendetta politique est réel. Mais le risque contraire, celui de laisser l’impunité gangrener la République, est tout aussi menaçant.

    Le président Bassirou Diomaye Faye, qui a fait de la transparence et de la justice les piliers de sa gouvernance, est attendu au tournant. Il devra conjuguer fermeté et prudence, rupture et stabilité, pour permettre à la justice de suivre son cours sans interférences ni complaisance.

    Le Sénégal à l’épreuve de la vérité

    Alors que les Sénégalais suivent avec attention le déroulement de cette affaire, une chose est certaine : plus rien ne sera comme avant. L’ère où les dignitaires politiques pouvaient se soustraire au contrôle judiciaire semble toucher à sa fin. Si la Haute Cour de justice ouvre effectivement un procès contre les anciens ministres incriminés, le Sénégal rejoindra la courte liste des États africains ayant fait preuve d’une rigueur exemplaire face aux crimes économiques d’État.

    L’histoire retiendra peut-être ce moment comme celui où, dans l’arène politique sénégalaise, l’État de droit a fini par triompher des arrangements.

    RADIO TANKONNON 

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