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  • Valentin-Yves Mudimbe : l’architecte de la décolonisation des savoirs s’éteint à 83 ans

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    Caroline du Nord, USA – 22 avril 2025Le monde intellectuel et littéraire africain perd aujourd’hui l’une de ses voix les plus influentes : le professeur Valentin-Yves Mudimbe, connu sous le nom de Vumbi Yoka Mudimbe, s’est éteint dans la matinée de ce mardi 22 avril 2025, en Caroline du Nord, à l’âge de 83 ans.

    Le professeur Vumbi Yoka Mudimbe
    Le professeur Vumbi Yoka Mudimbe

    L’annonce de sa disparition a été relayée par plusieurs médias francophones et anglophones, qui saluent à l’unisson l’œuvre monumentale de ce philosophe et écrivain congolais.

    I. Un parcours d’exception et une quête de sens

    Né le 8 décembre 1941 à Likasi (anciennement Jadotville), dans la province du Katanga, Mudimbe se destina d’abord à la prêtrise au sein de séminaires bénédictins, avant de se tourner définitivement vers la philosophie et les lettres. Après des études de philosophie à l’université Lovanium de Kinshasa, il obtint en 1970 un doctorat de la Catholic University of Leuven, en Belgique.

    Animé par une quête incessante de repenser l’Afrique hors des cadres coloniaux, il jeta les fondations de sa réflexion sur la « gnose » et la façon dont le savoir occidental s’est emparé du continent.

    II. L’Invention de l’Afrique : manifeste d’une pensée post-coloniale

    Mudimbe accéda à la renommée internationale en 1988 avec la parution de The Invention of Africa: Gnosis, Philosophy and the Order of Knowledge, ouvrage devenu une référence incontournable dans les études post-coloniales.

    Dans ce traité, il démontre comment l’Europe a fabriqué un discours sur l’Afrique savamment structuré pour asseoir sa domination intellectuelle. Son travail d’« archéologue des savoirs » transforma durablement la manière d’envisager l’altérité et inspira des générations de chercheurs à revisiter les récits historiques et culturels du continent.

    III. Une carrière académique aux États-Unis et un rayonnement mondial

    Exilé dès la fin des années 1970, Mudimbe enseigna dans plusieurs institutions prestigieuses : Haverford College, Stanford University puis, jusqu’à ses derniers instants, Duke University en Caroline du Nord. 

    Partout, son érudition et sa pédagogie suscitèrent l’admiration : il forma de nombreux doctorants et encouragea la création de revues et de collectifs interdisciplinaires dédiés à la décolonisation des savoirs. Son influence dépassa largement le monde universitaire pour irriguer les débats politiques et culturels en Afrique et en Occident.

    IV. Réactions et hommages unanimes

    À l’annonce de sa disparition, les hommages se sont multipliés : « Un baobab de la pensée africaine s’est effondré », a écrit la revue Actualité.cd, soulignant le caractère « patriarcal et tutélaire » de son œuvre.

    Sur les réseaux sociaux, chercheurs et écrivains expriment une gratitude émue : « Son exigence intellectuelle et son humanisme resteront des phares pour toute une génération », a déclaré le doyen de la faculté des Lettres de l’université de Lubumbashi. 

    De son côté, la communauté de Duke University a publié un communiqué évoquant « une perte immense pour la philosophie contemporaine ».

    V. Héritage et postérité

    Au-delà de ses essais, Mudimbe laissa également un corpus romanesque, tantôt poétique, tantôt satirique, qui explore la mémoire, la foi et les tensions de l’Afrique post-indépendance. Des titres comme Entretailles (1973) ou Shaba deux (1988) traduisent son art du récit au service d’une réflexion politique et spirituelle.

    Ses travaux continuent d’alimenter colloques, traductions et rééditions, attestant de l’universalité de sa pensée qui interroge la place du langage et du mythe dans la construction des identités.

    VI. L’héritage d’un penseur engagé

    Figure tutélaire de la décolonisation intellectuelle, Mudimbe a toujours œuvré pour une Afrique maîtresse de sa propre histoire : il exigea la reconnaissance des langues et des savoirs locaux, et mit en garde contre toute « centre-périphérie » qui infantilise les cultures africaines. Son projet épistémologique, fondé sur la critique des hiérarchies entre sciences, littérature et oralité, reste d’une brûlante actualité à l’heure où se redessinent les équilibres géopolitiques de la planète.

    VII. Une voix qui perdure

    Alors que retentissent les échos de sa voix érudite, il appartient désormais aux nouvelles générations de prolonger cet héritage intellectuel : puiser dans ses analyses la force de déconstruire les récits dominants et d’inventer de nouvelles formes de dialogue interculturel. Le décès de Valentin-Yves Mudimbe marque certes la fin d’un chapitre ; mais, pour reprendre ses propres termes, « la pensée se nourrit des silences qu’elle déchiffre », et les silences qu’il a percés continueront de résonner longtemps.

    Saidicus Leberger 

    Pour Radio Tankonnon 

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