Cheick Aïma Ousmane Diakité plaide pour la raison et la paix à l’heure du débat électoral
Lors de la rencontre organisée par la Commission électorale indépendante (CEI) avec les représentants des confessions religieuses, mercredi 16 avril 2025 à Abidjan, Cheick Aïma Ousmane Diakité, chef de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire, a lancé un vibrant appel à la responsabilité et à la modération des acteurs politiques. Dans un discours sans concession, il a dénoncé le “péché originel” qu’il voit dans la composition de la CEI et a exhorté le pays à proscrire toute forme de violence.

Remettre en cause le « péché originel »
« Comment peut‑on dire qu’on crée une commission “indépendante” et y imposer des représentants de partis politiques, par essence partisans ? » a interrogé Cheick Diakité, fustigeant la contradiction fondamentale de la CEI actuelle. S’appuyant sur son expérience de cinq à six années au sein même de cette institution, il a toutefois tenu à saluer l’intégrité de nombreux commissaires, tout en estimant que cette configuration ouvrant la voie aux conflits d’intérêts fragilise la confiance des électeurs et entretient un climat de défiance.
Entre modèle sénégalais et exigences ivoiriennes
Reprenant l’exemple du Sénégal, où le ministère de l’Intérieur organise depuis toujours les scrutins sans que cela ne soulève de contestations majeures, il a regretté le rejet systématique de ce schéma en Côte d’Ivoire : « On a refusé le ministère de l’Intérieur pour faire le lit à des crises à répétition. » Pour Cheick Diakité, seule une refonte institutionnelle tenant compte de la neutralité véritable des organes d’organisation permettra de ramener l’apaisement.
Lignes rouges et éthique du vote
Plus loin, l’orateur a souligné qu’« il y a une ligne rouge, à ne pas franchir : la violence ». Évoquant la fatigue morale de la population, marquée par les soubresauts de l’histoire récente, il a lancé un vibrant appel à chaque Ivoirien pour qu’il devienne « promoteur et gardien de la paix, de la sécurité et de la stabilité ». Puisant dans les préceptes coraniques, il a invité chacun à « craindre le malheur qui frappe tout le monde, sans distinction », afin de prévenir toute dérive collective.
Un message d’unité et de responsabilité
Au‑delà de la critique institutionnelle, le discours de Cheick Aïma Ousmane Diakité se veut un serment moral qui dépasse les appartenances : « La Côte d’Ivoire, ce n’est pas pour les politiciens seulement. Ils sont les envoyés du peuple ; ils ne doivent pas se substituer à ceux qui les ont choisis. » En appelant à un dialogue serein et à des décisions éclairées, il rappelle que c’est de la bonne foi de tous que dépend la paix sociale.
En conclusion, le chef de la communauté musulmane a prié pour que la sagesse l’emporte sur les calculs politiciens et que la Côte d’Ivoire, « terre de foi et de diversité », puisse aborder ses échéances électorales dans l’unité, la justice et le respect mutuel.
Par Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon