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  • Max Romeo, le prophète du reggae s’est éteint : une légende tire sa révérence

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    C’est une onde de choc silencieuse qui a traversé la planète musique, une vibration sourde, lourde d’émotion, qui s’est propagée depuis les collines verdoyantes de la Jamaïque jusqu’aux ruelles de Kingston, en passant par les ondes radiophoniques du monde entier. Max Romeo, légende du reggae, s’est éteint hier soir à l’âge de 80 ans, emportant avec lui une voix, un souffle, une mémoire vivante de la résistance musicale, poétique et spirituelle jamaïcaine.

    Max Romeo
    Max Romeo

    À l’annonce de son décès, les hommages ont aussitôt afflué, unanimes, bouleversés, tissés de gratitude et de respect. Car Max Romeo, de son vrai nom Maxwell Livingston Smith, n’était pas un simple chanteur. Il était un conteur, un militant, un alchimiste du verbe et du rythme, un homme qui avait choisi de faire de la musique un champ de bataille pour la justice, un refuge pour les âmes blessées et un phare pour les consciences éveillées.

    De la poussière de Saint Ann à la lumière du monde

    Né le 22 novembre 1944 à Saint Ann Parish, la même terre natale que Bob Marley, Marcus Garvey ou Burning Spear, Max Romeo a grandi dans une Jamaïque en pleine effervescence post-coloniale, secouée par les luttes identitaires, les tensions sociales et le réveil spirituel incarné par le rastafarisme.

    Très jeune, il quitte sa campagne natale pour Kingston, la capitale, avec en poche des rêves de scène et une volonté farouche de faire entendre sa voix. Et très vite, cette voix grave, mystique, à la fois douce et cinglante, attire l’attention. Dès les années 60, il fait ses premières armes dans les studios de la capitale, d’abord avec le groupe The Emotions, puis en solo, avec une audace inédite.

    En 1968, il explose avec le sulfureux « Wet Dream », un titre à double (ou triple) lecture, jugé trop suggestif pour la BBC mais qui devient un succès massif. Pourtant, derrière le badinage apparent se cache déjà un sens aigu de la provocation intelligente, une volonté de bousculer l’ordre établi, que Max Romeo portera à son paroxysme dans les décennies suivantes.

    L’oracle du reggae engagé

    Mais c’est dans les années 70 que Max Romeo atteint sa pleine maturité artistique, en s’entourant de Lee “Scratch” Perry, le génie du studio Black Ark, et en accouchant de ce qui restera comme son chef-d’œuvre absolu : « War Ina Babylon » (1976). Un album d’une puissance prophétique, où le reggae se fait incantation politique, chronique sociale, cri de l’âme et chant de révolte.

    Avec des morceaux comme « One Step Forward », « I Chase the Devil » ou encore le titre éponyme « War Ina Babylon », Max Romeo ne se contente plus de chanter : il annonce, dénonce, accuse, exhorte. Le reggae devient sous sa plume un art de la parole ardente, un feu sacré lancé contre Babylone — cette entité symbolique, corruptrice et oppressive, que les rastas identifient aux structures coloniales, capitalistes et impérialistes.

    Sa chanson « Chase the Devil », samplée des années plus tard par The Prodigy (« Out of Space ») et Kanye West (« Lucifer »), demeure un hymne intemporel à la purification spirituelle et à la résistance face aux forces du mal. Sa voix, comme venue d’un autre âge, conjure les ténèbres avec un calme souverain.

    Un legs musical et spirituel colossal

    Avec Max Romeo, le reggae n’a jamais été une simple rythmique dansante : c’est un véhicule mystique, une parole sacrée, une déclaration de guerre contre l’oubli, l’injustice, l’aliénation. C’est pourquoi son œuvre ne peut se réduire à quelques tubes. Elle est une cathédrale de conviction, une œuvre magistrale, habitée par la foi rastafarienne, le sens du devoir citoyen et une humanité bouleversante.

    Tout au long de sa carrière, il n’a cessé de transmettre, d’éduquer, de résister. Il a collaboré avec les plus grands (Keith Richards, The Upsetters, Jah Shaka), tout en gardant les pieds sur sa terre natale, œuvrant pour la jeunesse jamaïcaine, investissant dans des projets communautaires, et offrant à ses propres enfants une éducation musicale exigeante. Sa fille, Azizzi Romeo, et son fils, Xana Romeo, poursuivent aujourd’hui son héritage, avec une ferveur à la hauteur du patriarche.

    Un départ, une semence éternelle

    Max Romeo s’est éteint comme il a vécu : dans la dignité, sans tapage, avec une paix intérieure conquise au fil des décennies. Son départ marque la fin d’un chapitre, mais il ouvre aussi une brèche lumineuse dans notre époque saturée de superficialité. Il nous rappelle, dans un dernier murmure, que la musique peut être un acte de foi, de résistance, d’amour profond pour l’humanité.

    Ses chansons continueront de peupler les ondes, comme des psaumes modernes. Elles seront étudiées, fredonnées, samplées, réinterprétées, mais jamais dépassées. Car la voix de Max Romeo ne meurt pas : elle s’enracine.

    I’m gonna put on an iron shirt and chase Satan out of earth” — chantait-il. Aujourd’hui, c’est nous qui portons cette armure invisible, en mémoire de celui qui, toute sa vie durant, a chassé les ténèbres avec ses mots, ses notes, et sa foi inébranlable dans la puissance libératrice de la musique.

    Repose en paix, Max Romeo. La terre t’a prêté sa voix, et tu nous as offert l’écho de l’éternité.

    Saidicus Leberger

    Pour Radio Tankonnon 

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