Harare, 6 avril 2025 – Dans une initiative audacieuse et mesurée visant à désamorcer les tensions commerciales, le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, a décidé ce samedi de suspendre tous les droits de douane sur les marchandises en provenance des États-Unis. Cette mesure, annoncée via un message sur X, marque un revirement stratégique pour favoriser une normalisation des relations économiques entre Harare et Washington.

Un geste conciliant face aux taxes imposées

Cette suspension intervient en réponse directe aux taxes douanières de 18 % imposées par Donald Trump sur les produits zimbabwéens, une mesure qui, selon les autorités de Harare, a contribué à aggraver la crise économique qui frappe le pays depuis plus de deux décennies. En levant ces droits de douane, Mnangagwa espère inciter les États-Unis à abandonner cette restriction, ouvrant ainsi la voie à une relance des échanges bilatéraux.

« Notre objectif est clair : favoriser l’expansion des importations américaines sur le marché zimbabwéen tout en soutenant la croissance de nos exportations vers les États-Unis, » a affirmé le président dans son message. Harare envisage en effet de dynamiser ses exportations, principalement de tabac et de sucre, secteurs où la présence sur le marché américain reste encore marginale.

Renforcer les liens commerciaux bilatéraux

Avec des échanges commerciaux totalisant 111,6 millions de dollars en 2024, d’après les données américaines, cette initiative pourrait constituer un levier important pour stimuler la coopération économique. Au-delà de l’enjeu tarifaire, ce geste conciliaire se veut un signal fort en faveur d’une réorientation vers un partenariat plus équilibré et diversifié. Le Zimbabwe, qui entretient déjà des relations commerciales avec des partenaires majeurs tels que les Émirats arabes unis, l’Afrique du Sud et la Chine, cherche ainsi à se repositionner sur la scène internationale.

Un contexte historique de tensions et de sanctions

Les relations entre le Zimbabwe et les États-Unis demeurent tendues depuis l’ère de Robert Mugabe, lorsque des sanctions économiques furent imposées au pays. Harare a régulièrement dénoncé l’impact dévastateur de ces sanctions sur son économie fragile. Face à ces défis persistants, le gouvernement zimbabwéen a cherché à renforcer ses liens économiques avec des puissances alternatives, notamment la Chine et les Émirats arabes unis.

En adoptant aujourd’hui une politique de suspension des droits de douane sur les produits américains, Mnangagwa opte pour une démarche pragmatique et conciliatrice, visant à faire évoluer une relation commerciale longtemps marquée par la méfiance et les contraintes unilatérales.

Vers une nouvelle ère de coopération économique ?

Si cette initiative se concrétise et conduit à l’abandon des taxes par Washington, le Zimbabwe pourrait amorcer un renouveau de ses relations économiques avec les États-Unis. Un tel dégel offrirait l’opportunité de diversifier davantage les échanges commerciaux, tout en participant à la reconstruction d’un partenariat économique mutuellement bénéfique dans un contexte international en perpétuelle évolution

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon