Dans un contexte économique mondial en perpétuelle évolution, le Nigeria se distingue par une dynamique de croissance renouvelée, enregistrant sa progression la plus rapide depuis trois ans. Cette vigueur économique, portée notamment par l’expansion spectaculaire du secteur des services, offre une lueur d’espoir à un pays en pleine mutation, tout en révélant les défis structurels qu’il demeure impératif de relever.

I. Un redressement économique significatif

Au quatrième trimestre 2024, l’économie nigériane a connu une augmentation de 3,84 %, illustrant une accélération par rapport aux trimestres précédents (3,46 % au troisième, 3,19 % au deuxième et 2,98 % au premier trimestre). Ce regain d’activité se traduit par une progression annuelle du PIB de 3,40 %, en nette amélioration par rapport aux 2,74 % enregistrés en 2023. Ces chiffres témoignent d’une relance économique encouragée par une diversification des sources de croissance, même si le rythme global demeure en deçà de l’objectif ambitieux de 6 % fixé par le président Bola Tinubu.

II. Les piliers de la croissance : Un focus sur les secteurs stratégiques

L’essor du secteur des services, qui a connu une expansion de 5,37 %, apparaît comme le moteur principal de cette reprise économique. Ce secteur, regroupant les activités financières, commerciales, de télécommunications et bien d’autres, s’est imposé comme le vecteur de modernisation et d’innovation du pays. Parallèlement, le secteur industriel a enregistré une croissance de 2 %, tandis que l’agriculture, pilier traditionnel de l’économie nigériane, a progressé de 1,76 %. Cette conjonction de facteurs sectoriels contribue à une répartition équilibrée de la croissance, permettant ainsi d’atténuer les vulnérabilités d’un modèle économique historiquement dépendant des hydrocarbures.

III. Une progression trimestrielle en constance

L’analyse des chiffres trimestriels met en exergue une tendance ascendante : chaque période de l’année 2024 a vu une accélération progressive de l’activité économique. Ce phénomène, qui traduit une amélioration continue des performances économiques, reflète à la fois une meilleure résilience face aux chocs externes et une optimisation des politiques de soutien aux secteurs stratégiques. Ce dynamisme, consolidé par une augmentation graduelle des indicateurs économiques, offre un signal positif quant à la capacité du Nigeria à se repositionner sur la scène économique africaine et internationale.

IV. Les défis des objectifs de croissance

Malgré ces avancées, le rythme de croissance actuel reste significativement inférieur à l’objectif de 6 % énoncé par l’exécutif. Ce décalage interpelle sur la nécessité d’accélérer les réformes structurelles et d’améliorer l’environnement des affaires. Les autorités nigérianes font face à la tâche ardue de stimuler davantage les investissements, de diversifier l’économie et de moderniser les infrastructures pour libérer le potentiel inexploité de secteurs en mutation rapide.

V. Le rebasage des données du PIB : Une mise à jour nécessaire

Conscient des transformations structurelles opérées au sein de son économie, le Nigeria envisage de rebaser ses données de PIB. Ce processus vise à mieux refléter l’évolution des secteurs clés tels que les technologies de l’information et de la communication, le commerce digital et l’économie maritime. Dernièrement mis à jour en 2014 – année charnière où le Nigeria avait dépassé l’Afrique du Sud pour devenir la plus grande économie du continent – ce rebasage est une étape cruciale pour obtenir des mesures plus précises et représentatives des réalités économiques contemporaines. Une statistique modernisée permettra également d’orienter les politiques publiques et les investissements dans des secteurs porteurs de croissance à long terme.

VI. Perspectives d’avenir et prévisions du FMI

Les institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international (FMI), prévoient une croissance modérée de 3,2 % pour l’année 2025. Selon ces prévisions, les réformes structurelles en cours et l’amélioration de la collecte de données joueront un rôle déterminant dans les perspectives économiques du Nigeria. L’accent mis sur la modernisation du cadre statistique et la diversification sectorielle constitue un levier essentiel pour renforcer la compétitivité et la résilience de l’économie nigériane face aux aléas globaux.

VII. Réformes structurelles et défis à relever

La mise en œuvre effective des réformes structurelles représente le principal défi pour les décideurs nigérians. Parmi ces réformes, l’amélioration de l’environnement des affaires, la lutte contre la corruption et l’optimisation des politiques fiscales se positionnent comme des priorités. De surcroît, le renforcement des infrastructures et la modernisation des systèmes de gestion économique sont indispensables pour favoriser une croissance durable et inclusive. Ces réformes, combinées à une meilleure intégration des nouvelles technologies, permettront non seulement d’atteindre les objectifs de croissance, mais également de diversifier l’économie au-delà des secteurs traditionnels.

VIII. Vers un modèle de croissance durable et inclusif

Le Nigeria se trouve à un tournant décisif de son développement économique. La conjonction d’une croissance accrue, d’une diversification sectorielle et d’un rebasage nécessaire des données économiques ouvre la voie à un modèle de croissance plus durable et inclusif. En adoptant des réformes audacieuses et en modernisant son système statistique, le pays peut espérer libérer tout le potentiel de ses secteurs innovants et attirer de nouveaux investissements. Ce processus de transformation, bien que semé d’embûches, offre une perspective d’avenir où la croissance économique ne serait plus seulement mesurée en pourcentages, mais traduite par une amélioration tangible du bien-être de la population.

IX. Conclusion : Un chemin vers la transformation économique

La dynamique économique actuelle du Nigeria, marquée par une croissance soutenue du secteur des services et une progression trimestrielle constante, témoigne d’une résilience et d’un potentiel de développement significatifs. Toutefois, l’écart entre les performances actuelles et l’objectif ambitieux de 6 % impose une réflexion approfondie sur les réformes nécessaires pour moderniser et diversifier l’économie. Le rebasage des données du PIB et l’intégration des secteurs émergents représentent des étapes essentielles dans ce processus de transformation.

Face aux prévisions modérées du FMI pour 2025, le défi reste de taille : il s’agit de mettre en œuvre des politiques structurelles robustes, d’améliorer la collecte de données et de créer un environnement favorable à l’innovation. Si ces conditions sont réunies, le Nigeria pourrait non seulement atteindre ses objectifs de croissance, mais aussi se positionner comme un leader économique incontournable sur la scène africaine et mondiale.

Dans ce contexte de mutation, chaque étape vers une meilleure intégration des réformes et une modernisation des statistiques économiques marque un pas de plus vers une transformation économique durable, capable de répondre aux aspirations de toute une population et de relever les défis d’un monde globalisé.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon