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    Goma, République démocratique du CongoSous un ciel plombé, où la brume du lac Kivu se mêle aux cendres du Nyiragongo, Goma enterre ses morts. La ville, habituée aux soubresauts de la guerre et aux colères du volcan, semble cette fois ployer sous un deuil sans précédent. Près de 2 000 victimes, selon les autorités locales — un chiffre révisé à la hausse par l’ONU —, jonchent les rues, les maisons effondrées et les replis d’une terre meurtrie. Un bilan provisoire, mais déjà funèbre, qui transforme la cité en un vaste champ de lamentations.

    Des membres de la Croix-Rouge congolaise au milieu de corps dans des sacs mortuaires à la morgue de l’hôpital général de Goma - Alexis Huguet (AFP)
    Des membres de la Croix-Rouge congolaise au milieu de corps dans des sacs mortuaires à la morgue de l’hôpital général de Goma – Alexis Huguet (AFP)

    Des fosses communes et l’impuissance collective

    Dans le cimetière de l’Itigi Don Bosco, les pelleteuses creusent inlassablement. Les équipes de la Croix-Rouge, masques sur le visage et résignation dans le geste, déposent les corps enveloppés de linceuls blancs dans des fosses communes. « Nous n’avons pas le luxe du temps ni des rites », murmure un travailleur humanitaire, sous le regard vide des familles. Les cercueils manquent, les identifications sont rares : ici, les disparus deviennent nombres, anonymes dans la mort comme ils furent vulnérables dans la vie.

    Les habitants, accroupis sur les talus voisins, observent, hagards. Certains murmurent des prières, d’huiers lancent des poignées de terre, ultime adieu à des proches dont ils ignoreront peut-être à jamais la dernière demeure. « Mon frère était porteur au marché. Je ne sais même pas si son corps est là », confie Jacques, 34 ans, les mains tremblantes. La tristesse se mue en colère sourde : « Pourquoi nous ? Quand la paix viendra-t-elle ? »

    Urgence humanitaire : des blessés et un système à genoux

    Alors que les morts patientent dans les morgues improvisées, les vivants supplient pour un baume. Les hôpitaux de Goma, déjà fragilisés par des années de conflits et de négligence, sont submergés. Dans la salle d’urgence de l’hôpital général, un médecin, épuisé, décrit « des corridors remplis de gémissements ». Les blessés, souvent amputés ou brûlés, attendent des heures avant une consultation. « Nous manquons de tout : sang, antibiotiques, personnel », soupire-t-il.

    Pendant ce temps, des équipes de secours tentent d’atteindre les corps coincés sous les décombres ou dans des zones rendues inaccessibles par les récentes pluies diluviennes. « Chaque heure compte pour éviter les épidémies », explique une coordinatrice de Médecins Sans Frontières. Mais les routes éventrées et les risques sécuritaires compliquent les opérations.

    Guerre et désinformation : la crise dans la crise

    En toile de fond de ce drame humanitaire, les armes continuent de tonner. Mardi, des affrontements violents ont éclaté entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 près de Goma. Un conflit qui s’enracine dans des décennies de tensions ethniques, de lutte pour les minerais et d’ingérence régionale. Le gouvernement congolais a vivement rejeté les déclarations de cessez-le-feu du M23, les qualifiant de « fable montée de toutes pièces ». « Le M23 et ses soutiens rwandais doivent quitter notre territoire immédiatement », a tonné le ministre de la Communication, dénonçant une « occupation déguisée ».

    Du côté des Nations unies, on s’alarme d’une escalade régionale. « Le Rwanda joue avec le feu en soutenant ces groupes armés », accuse un diplomate sous couvert d’anonymat. Kigali, habituellement discret, nie toute implication, mais les preuves satellitaires et les témoignages de déserteurs alimentent les accusations.

    Les voix étouffées de Goma

    Dans ce chaos, la population tente de survivre. À Mugunga, camp de déplacés où s’entassent des milliers de familles, les récits se ressemblent : fuite sous les balles, maisons réduites en cendres, enfants perdus. « Nous avons tout laissé derrière nous », raconte Aminata, mère de cinq enfants, en serrant contre elle un sac de farine distribué par le PAM. Son regard, rivé sur la silhouette du volcan, semble chercher une réponse dans la brume.

    D’autres, plus jeunes, refusent la fatalité. « Je veux étudier, devenir médecin pour guérir ma ville », lance Sarah, 16 ans, dans une école transformée en abri. Son rême, fragile, résiste aux éclats de guerre.

    L’appel à la paix : une urgence mondiale

    La communauté internationale, pour l’heure, semble paralysée. Si l’ONU déploie des Casques bleus depuis des années, leur mandat reste limité, et leur efficacité, contestée. Les ONG présentes sur place réclament des fonds d’urgence et un couloir humanitaire sécurisé. « Goma n’est pas qu’une crise locale. C’est un test pour notre humanité commune », insiste le directeur local de la Croix-Rouge.

    Pendant ce temps, dans les rues de Goma, les graffiti rappellent l’exaspération populaire : « La paix n’est pas un slogan, c’est un droit. » Alors que la nuit tombe sur la ville, les lueurs des bougies remplacent celles des incendies. Dans l’obscurité, Goma pleure, espère, et attend.

    Saidicus Leberger
    Pour Radio Tankonnon 

    Épilogue : Alors que nous publions cet article, de nouvelles explosions retentissent à l’est de la ville. Le cycle infernal, hélas, persiste.

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