Mali : La Russie s’engage à construire la plus grande raffinerie d’Afrique de l’Ouest
Un partenariat de grande envergure entre le Mali et la Russie vient d’être annoncé, marquant une étape stratégique dans les relations bilatérales entre les deux nations. Selon l’ambassadeur de Russie à Bamako, Vladimir Antonov, la Fédération de Russie se prépare à financer et construire la plus grande raffinerie pétrolière d’Afrique de l’Ouest sur le sol malien.

Un projet d’envergure au cœur de l’Afrique de l’Ouest
Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 24 décembre 2024 à Bamako, l’ambassadeur Antonov a dévoilé les grandes lignes de ce projet qui s’annonce monumental. Située dans la région de Ségou, cette raffinerie devrait transformer le Mali en un hub pétrolier régional, répondant aux besoins énergétiques du pays tout en fournissant une partie des marchés ouest-africains.
« Ce projet symbolise l’engagement indéfectible de la Russie à accompagner le Mali dans son développement économique et industriel », a déclaré Vladimir Antonov, soulignant également que l’infrastructure sera dotée des technologies les plus avancées en matière de raffinage pétrolier, respectueuses de l’environnement.
Un investissement stratégique
Selon les premières estimations, ce projet nécessitera un investissement colossal de plus de 3 milliards de dollars. La raffinerie, une fois opérationnelle, aura une capacité de traitement de 200 000 barils par jour, surpassant ainsi les installations existantes dans la région.
Le Mali, qui ne dispose actuellement d’aucune raffinerie de cette envergure, dépend entièrement des importations pour couvrir ses besoins en hydrocarbures. Ce projet permettra non seulement de réduire cette dépendance, mais aussi de générer des revenus significatifs grâce à l’exportation de produits raffinés.
Impact socio-économique majeur
Outre ses implications économiques, la construction de cette raffinerie représente une opportunité exceptionnelle pour le Mali sur le plan social. Environ 10 000 emplois directs et indirects seront créés pendant la phase de construction, et des milliers d’autres suivront lorsque l’installation sera opérationnelle.
L’ambassadeur Antonov a insisté sur l’importance de la formation et du transfert de compétences. « Les techniciens et ingénieurs maliens bénéficieront d’une formation avancée, garantissant ainsi une gestion locale et durable des opérations », a-t-il affirmé.
Un renforcement des liens russo-maliens
Ce projet s’inscrit dans une dynamique de rapprochement entre le Mali et la Russie, accentuée par les tensions entre Bamako et ses anciens partenaires traditionnels. Depuis 2021, le Mali s’est tourné vers la Russie pour des accords de défense, de coopération technique et désormais économiques.
Le président malien, Assimi Goïta, a salué cette annonce, déclarant que cette raffinerie constitue « un symbole de la souveraineté retrouvée du Mali et de son partenariat stratégique avec des nations amies ».
Des défis à relever
Cependant, la construction d’une infrastructure de cette ampleur n’est pas sans défis. Les experts évoquent des questions liées à la sécurité dans un pays marqué par l’instabilité, ainsi que la nécessité d’un cadre réglementaire solide pour attirer les investissements et assurer le bon fonctionnement du projet.
En outre, des voix critiques appellent à la vigilance pour éviter une exploitation qui pourrait nuire à l’environnement ou à la population locale. « Ce projet doit être mené dans la transparence, avec des garanties pour le bien-être des Maliens et la préservation de leur écosystème », a déclaré un analyste économique malien.
Un projet au potentiel transformateur
Si les ambitions affichées se concrétisent, la raffinerie de Ségou pourrait transformer le Mali en un acteur clé du secteur pétrolier en Afrique de l’Ouest. Elle offrirait une alternative aux importations coûteuses et renforcerait l’intégration économique de la sous-région, tout en affirmant l’importance grandissante de la Russie sur le continent africain.
Pour l’heure, le Mali et la Russie célèbrent cette annonce comme le prélude à une nouvelle ère de coopération stratégique et mutuellement bénéfique.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon