COP16 : Gwladys Kpiélé Dabiré, une voix pour les droits fonciers des femmes et la restauration des écosystèmes
Le vendredi 6 décembre 2024, à Riyad, en Arabie Saoudite, s’est tenue une session mémorable lors de la 16ᵉ Conférence des Parties (COP16) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Gwladys Kpiélé Dabiré, membre active de la coopérative Wend-Panga de Kirsi, dans la région Nord du Burkina Faso, et bénéficiaire du Programme de micro-financements du Fonds pour l’environnement mondial (PMF/FEM), y a animé un panel d’une pertinence cruciale sur le thème : « Les droits fonciers des femmes pour des efforts de restauration efficaces : comprendre les synergies, agir ».

Dans un contexte mondial où la lutte contre la désertification, le changement climatique et la restauration écologique figure parmi les priorités, son plaidoyer a résonné comme un appel à repenser les politiques foncières, à recentrer l’inclusivité et à inscrire les femmes au cœur des solutions durables.
Les droits fonciers des femmes : un enjeu mondial négligé
D’entrée, Mme Dabiré a mis en lumière une réalité alarmante : bien qu’elles soient des actrices majeures de l’agriculture et de la gestion des ressources naturelles, les femmes continuent de faire face à des obstacles structurels dans l’accès, le contrôle et la gouvernance des terres.
« Les inégalités foncières freinent non seulement leur autonomisation, mais compromettent également l’efficacité des efforts de restauration écologique et de développement durable », a-t-elle souligné. En effet, ces disparités sont aggravées par la prévalence des coutumes patriarcales, le manque de sensibilisation aux droits juridiques des femmes et l’absence de mécanismes législatifs garantissant l’équité foncière.
Mme Dabiré a évoqué les défis spécifiques auxquels les femmes rurales sont confrontées au Burkina Faso, où la majorité des terres agricoles sont attribuées selon des traditions qui privilégient les hommes. Dans ce contexte, les femmes peinent à obtenir des titres fonciers, même lorsque des lois existent pour théoriquement protéger leurs droits.
Un levier pour la restauration écologique et la résilience climatique
Au-delà des inégalités, Gwladys Kpiélé Dabiré a démontré que le manque d’accès équitable des femmes à la terre a des répercussions profondes sur la sécurité alimentaire mondiale, la résilience climatique et les efforts de restauration écologique.
Elle a expliqué que les femmes jouent un rôle central dans l’adoption de pratiques agricoles durables et dans la gestion quotidienne des ressources naturelles. Cependant, leur marginalisation limite leur capacité à contribuer pleinement aux initiatives de restauration des écosystèmes, ce qui ralentit les progrès vers les Objectifs de Développement Durable (ODD).
« La participation active des femmes à la gouvernance foncière est essentielle pour garantir des solutions inclusives et pérennes face aux défis environnementaux mondiaux », a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité de politiques foncières sensibles au genre.
Des solutions ancrées dans des approches systémiques
Pour Gwladys Dabiré, la résolution de ces défis passe par une mobilisation multisectorielle et une transformation systémique. Elle a présenté des recommandations clés pour parvenir à un accès équitable des terres agricoles pour les femmes rurales :
Renforcer les cadres juridiques et leur application :
Il est impératif d’adopter et d’appliquer des lois garantissant les droits fonciers des femmes, tout en veillant à ce qu’elles soient harmonisées avec les pratiques traditionnelles locales.
Promouvoir la participation des femmes dans la gouvernance foncière :
Les femmes doivent être représentées dans les instances de décision relatives à la gestion des terres, afin que leurs voix influencent directement les politiques et les pratiques.
Intégrer les droits fonciers dans les projets de restauration :
Tout programme de restauration des écosystèmes doit inclure une composante liée aux droits fonciers des femmes, avec des indicateurs spécifiques pour mesurer les progrès.
Sensibiliser et éduquer les communautés :
Les normes sociales discriminatoires doivent être déconstruites à travers des campagnes de sensibilisation et d’éducation ciblant à la fois les hommes et les femmes.
Créer des mécanismes de financement innovants :
L’accès aux ressources financières et aux crédits doit être facilité pour les femmes, leur permettant ainsi d’investir dans des projets agricoles durables et des activités de restauration écologique.
Un appel à l’action mondiale
En guise de conclusion, Mme Dabiré a lancé un appel vibrant à la communauté internationale : « En mobilisant des approches systémiques et en agissant sur les cadres juridiques, les normes sociales et les pratiques de gouvernance, il est possible de transformer ces défis en opportunités. »
Son intervention a reçu un accueil chaleureux et suscité de nombreux échanges constructifs parmi les participants. Plusieurs représentants d’organisations internationales et d’États membres de la CNULCD se sont engagés à intégrer ces perspectives dans leurs plans d’action nationaux.
Le Burkina Faso : un exemple de résilience féminine
Par son expérience au sein de la coopérative Wend-Panga, Gwladys Kpiélé Dabiré incarne la résilience et l’innovation des femmes rurales face aux défis environnementaux. À travers ses initiatives soutenues par le PMF/FEM, elle illustre la manière dont les communautés locales peuvent être des leviers puissants pour le changement.
La COP16 à Riyad restera dans les mémoires comme une étape importante dans le combat pour les droits fonciers des femmes. Grâce à des leaders comme Mme Dabiré, l’espoir d’un monde plus équitable et durable devient une réalité palpable.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon