Tanzanie : drame à Dar es Salaam après l’effondrement d’un immeuble de quatre étages
L’effondrement d’un immeuble de quatre étages, samedi matin, dans le quartier animé de Kariakoo à Dar es Salaam, a plongé la Tanzanie dans le deuil et la consternation. Ce drame, qui survient en pleine saison des pluies, met en lumière des failles structurelles dans la réglementation et le contrôle des constructions.

Opérations de sauvetage intensives
Les autorités, appuyées par des équipes de secouristes et de volontaires, ont travaillé sans relâche depuis dimanche après-midi pour extraire des survivants des décombres. Les efforts, menés sous une pluie battante, se sont poursuivis tout au long de la nuit et de la journée de lundi.
Selon un communiqué du gouvernement, plus de 80 personnes ont été extraites vivantes des ruines. Toutefois, le nombre exact de personnes piégées reste incertain, les témoignages des proches faisant état de disparitions. « Nous avons perdu le contact avec mon frère. Il travaillait dans une boutique au rez-de-chaussée lorsque l’immeuble s’est effondré », a confié un habitant aux médias locaux, la voix tremblante d’émotion.
La présidente Samia Suluhu Hasan, qui s’est exprimée dimanche, a indiqué que plus de 20 blessés recevaient des soins médicaux dans les hôpitaux de la ville. Elle a également assuré que l’État couvrirait tous les frais liés à leur prise en charge, appelant à la solidarité nationale face à cette tragédie.
Un quartier sous le choc
Kariakoo, quartier commerçant emblématique de Dar es Salaam, est connu pour son activité trépidante. Des dizaines de boutiques, abritées dans l’immeuble effondré, servaient de moyens de subsistance à de nombreux commerçants locaux. L’effondrement a laissé derrière lui un paysage désolé de gravats, de marchandises écrasées et de familles en quête de réponses.
Des scènes de désespoir se sont déroulées devant les décombres. Des proches, les yeux rivés sur les sauveteurs, espéraient contre toute attente retrouver vivants leurs proches. « Nous ne savons pas s’il est encore en vie, mais nous restons là, nous prions », a déclaré un homme, dont le fils travaillait dans l’un des magasins de l’immeuble.
Les premières réponses gouvernementales
En réaction à cet effondrement, la présidente tanzanienne a ordonné un audit immédiat de tous les bâtiments du quartier Kariakoo. Elle a exigé que les permis de propriété et de construction de l’immeuble soient examinés par la police pour déterminer les éventuelles violations des normes de construction.
« Ce drame nous rappelle l’urgence de renforcer nos lois et leur application. Nous devons garantir que les bâtiments qui abritent nos citoyens respectent des normes de sécurité strictes », a déclaré la présidente lors d’une conférence de presse.
Certains experts ont pointé du doigt la prolifération de constructions illégales ou réalisées sans respecter les réglementations en vigueur, un phénomène exacerbé par l’urbanisation rapide de la ville.
Une répétition tragique
Ce n’est pas la première fois que la Tanzanie est confrontée à un tel drame. Les effondrements d’immeubles sont malheureusement fréquents, en particulier pendant la saison des pluies. Ces catastrophes mettent en évidence des failles dans les infrastructures, souvent attribuées à des pratiques de construction non conformes et à la corruption dans les processus d’octroi de permis.
En 2013, un autre effondrement à Dar es Salaam avait fait plus de 30 morts, provoquant une onde de choc similaire à travers le pays. À l’époque, des enquêtes avaient révélé que le bâtiment avait été construit avec des matériaux de qualité inférieure, et sans suivi technique adéquat.
Des leçons à tirer pour l’avenir
L’effondrement de samedi soulève à nouveau des questions cruciales sur la réglementation et la supervision des constructions en Tanzanie. Les habitants de Dar es Salaam dénoncent depuis longtemps une urbanisation effrénée et un manque de contrôles rigoureux.
Pour Hassan Juma, architecte local, le problème réside dans une chaîne de responsabilité souvent floue : « Trop de permis de construire sont délivrés sans inspections adéquates. Parfois, les entrepreneurs contournent les règles pour économiser des coûts, mettant en péril la vie des habitants. »
Face à cette situation, les appels à une réforme systémique se multiplient. Les organisations de la société civile et les experts plaident pour un renforcement des institutions chargées de la surveillance des constructions, ainsi que pour des sanctions sévères contre les contrevenants.
Un hommage aux victimes
Lundi, les premières cérémonies funéraires ont été organisées pour les victimes de la catastrophe. Dans une atmosphère de tristesse et de recueillement, des familles ont dit adieu à leurs proches disparus.
La présidente Samia Suluhu Hasan a appelé à une journée de deuil national pour honorer la mémoire des victimes et témoigner de la solidarité du peuple tanzanien face à cette tragédie.
Des défis à surmonter
Alors que les opérations de sauvetage se poursuivent, le gouvernement est confronté à un double défi : gérer les conséquences immédiates de la catastrophe et entreprendre des réformes structurelles pour éviter de nouveaux drames.
Dans un contexte où l’urbanisation rapide continue de transformer les villes africaines, le cas de Dar es Salaam illustre la nécessité d’un développement planifié et sécurisé. La tragédie de Kariakoo, bien que profondément douloureuse, pourrait être le catalyseur d’un changement tant attendu.
En attendant, les regards restent tournés vers les décombres, où l’espoir de retrouver des survivants demeure, malgré le temps qui passe. Pour les familles en attente, chaque instant est une épreuve, un mélange d’angoisse et d’espérance dans un moment où la Tanzanie toute entière pleure ses pertes.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon