Didier Awadi dévoile la plateforme CLIP : un tournant pour la protection des droits des créateurs africains
Ce jeudi 17 octobre 2024, au Monument des Héros Nationaux de Ouagadougou, un événement marquant s’est déroulé dans le cadre des Rencontres Musicales Africaines (REMA). Le célèbre chanteur sénégalais Didier Awadi, figure emblématique du rap africain et ardent défenseur des droits des artistes, a présenté en exclusivité la plateforme CLIP (Creator Learn Intellectual Property), développée en partenariat avec l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Ce lancement, réalisé devant un parterre de créateurs burkinabè, africains et internationaux, a suscité une vive attention, tant il s’inscrit dans une dynamique cruciale de sensibilisation et de protection des droits des créateurs sur le continent.

CLIP : un outil au service des créateurs pour la gestion de leurs droits
L’essor fulgurant des industries créatives en Afrique au cours de la dernière décennie a donné lieu à une explosion de talents qui ont su capter l’attention mondiale. Cependant, la reconnaissance et la protection des droits des créateurs africains demeurent encore une bataille inachevée.
C’est pour répondre à cette problématique qu’est née CLIP, une plateforme en ligne dédiée à la formation et à la sensibilisation des artistes sur leurs droits de propriété intellectuelle, et sur les pratiques de gestion liées à ces droits.
En prenant la parole, Didier Awadi, seul maître de cérémonie de cette présentation, a partagé avec émotion et conviction l’importance de cet outil pour les créateurs : « La propriété intellectuelle est le socle de la reconnaissance et de la valorisation de notre travail. Pendant trop longtemps, nos créations ont été exploitées sans que nous en soyons véritablement conscients. CLIP vient combler cette lacune. » À travers ces mots, l’artiste a su captiver l’attention de son auditoire, composé de musiciens, d’auteurs, de réalisateurs et de créateurs visuels venus de divers horizons pour assister à cet événement unique.
CLIP a pour vocation de rendre la gestion des droits de propriété intellectuelle accessible à tous. Cette plateforme propose des cours en ligne interactifs, des tutoriels, des guides pratiques et des études de cas, le tout conçu pour permettre aux artistes, même les moins familiarisés avec les aspects juridiques, de mieux comprendre comment protéger et valoriser leurs œuvres. Qu’il s’agisse de droits d’auteur, de droits voisins ou encore de la gestion de licences, CLIP se veut un guide pratique, complet et adapté aux réalités africaines.
Un besoin pressant pour les créateurs africains
La plateforme CLIP s’inscrit dans un contexte où de nombreux artistes africains peinent encore à faire respecter leurs droits de propriété intellectuelle. Souvent, les créations musicales, littéraires ou cinématographiques sont exposées à des violations multiples, privant ainsi les créateurs de la juste rémunération à laquelle ils ont droit. Didier Awadi, lui-même victime de telles injustices au cours de sa carrière, n’a pas manqué de rappeler les défis auxquels il a été confronté.
« J’ai vu des morceaux que j’ai créés être repris, exploités, sans que je ne touche un seul centime », a confié l’artiste avec gravité. « Nous, artistes africains, devons prendre conscience de la valeur de nos œuvres. Et cela commence par une bonne connaissance de nos droits. CLIP est l’outil qui va nous permettre de reprendre le contrôle. » Ces paroles ont trouvé un écho particulier auprès des jeunes créateurs présents, souvent désemparés face à la complexité des lois sur la propriété intellectuelle.
En effet, le manque de formation et d’information sur les questions juridiques liées aux œuvres créatives constitue l’un des principaux obstacles à une meilleure gestion des droits des artistes africains. CLIP vient donc combler un vide, en offrant des ressources pédagogiques claires et accessibles. Par exemple, un module interactif permet d’apprendre à enregistrer ses œuvres auprès des autorités compétentes, tandis qu’un autre explique comment négocier des contrats de licence ou de distribution.
Une innovation applaudie par le monde culturel
Les artistes burkinabè présents lors de cette présentation ont salué unanimement l’initiative, reconnaissant l’urgence de disposer d’un tel outil. Awa Kaboré, chanteuse burkinabè réputée, a déclaré : « Je suis tellement heureuse de voir une plateforme comme CLIP être lancée ici en Afrique. C’est exactement ce dont nous avions besoin pour mieux gérer nos carrières et nos créations. » D’autres artistes, issus de divers pays africains, ont également exprimé leur satisfaction face à la simplicité et à l’accessibilité de la plateforme.
Le lancement de CLIP intervient dans un contexte global où l’Afrique se positionne de plus en plus comme une force créative majeure sur la scène mondiale. Toutefois, cette reconnaissance internationale ne s’accompagne pas toujours d’une protection juridique suffisante pour les créateurs du continent. En développant cette plateforme, l’OMPI et ses partenaires, sous l’impulsion de Didier Awadi, souhaitent non seulement renforcer la compréhension des droits de propriété intellectuelle, mais aussi permettre aux artistes de mieux valoriser et monétiser leurs œuvres.

Vers une meilleure reconnaissance des œuvres africaines
Le projet CLIP ne se limite pas à sensibiliser les créateurs sur leurs droits, il s’inscrit également dans une perspective plus large de reconnaissance du potentiel créatif de l’Afrique. Lors de la présentation, Didier Awadi a souligné que la scène culturelle africaine regorge de talents, mais que ces derniers doivent apprendre à mieux se protéger et se structurer pour résister aux pressions de l’industrie globale.
« Nos œuvres sont notre richesse. Elles représentent notre culture, notre identité. Il est temps que nous apprenions à les défendre, à les protéger, pour qu’elles ne soient plus jamais dévalorisées ou exploitées sans notre consentement », a déclaré l’artiste. En plus de fournir des outils techniques, CLIP vise également à instaurer une culture de l’autonomisation parmi les créateurs africains, leur permettant ainsi de devenir des acteurs proactifs dans la gestion de leur carrière artistique.
Une table ronde tournée vers l’avenir
Après la présentation de CLIP, une discussion animée a eu lieu entre Didier Awadi et les artistes présents, offrant une plateforme d’échanges sur les défis et les perspectives liés à la gestion des droits d’auteur. Cette table ronde a permis de mettre en lumière certaines préoccupations spécifiques des créateurs africains, notamment en ce qui concerne la faible rémunération des œuvres sur les plateformes numériques et l’absence de mécanismes efficaces de gestion des droits au niveau local.
Les discussions ont également porté sur l’importance d’inclure les jeunes artistes dans ces dynamiques de sensibilisation. Didier Awadi a insisté sur la nécessité de former les nouvelles générations de créateurs à ces enjeux, afin qu’ils puissent, dès le début de leur carrière, mieux gérer leurs droits et ne plus être victimes des abus souvent constatés dans l’industrie musicale et artistique.
Un avenir prometteur pour les créateurs africains
Le lancement de CLIP représente une avancée significative pour les créateurs africains, qui disposent désormais d’un outil à la fois pratique et formateur pour mieux appréhender leurs droits. Alors que l’Afrique continue de s’imposer comme un vivier de talents créatifs, cette plateforme pourrait bien être l’un des leviers permettant d’assurer une meilleure reconnaissance des œuvres du continent à l’échelle internationale.
En clôturant l’événement, Didier Awadi a exprimé son espoir de voir CLIP contribuer à transformer la manière dont les artistes africains gèrent leur carrière : « Aujourd’hui, nous avons posé les bases d’une nouvelle ère pour la création en Afrique. Grâce à CLIP, nous allons pouvoir défendre nos droits et valoriser nos œuvres comme il se doit. »
Les Rencontres Musicales Africaines se poursuivent, laissant présager d’autres moments forts dans les jours à venir, où la musique et la créativité seront à l’honneur, tout en renforçant les liens entre les artistes du continent et le reste du monde.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon