RDC : le drame du lac Kivu et la question de la sécurité des transports fluviaux
Le récent naufrage sur le lac Kivu, qui a coûté la vie à 33 personnes, a ravivé les inquiétudes autour de la sécurité des transports fluviaux dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce drame n’est que le dernier d’une série d’accidents tragiques qui affectent cette région, où les routes sont peu nombreuses et les conflits armés rendent les déplacements terrestres extrêmement périlleux.

Le gouvernement congolais, constatant la recrudescence de ces accidents, a mis en place de nouvelles mesures visant à renforcer la sécurité des bateaux, principal moyen de transport dans cette zone enclavée. Parmi ces mesures, l’interdiction de naviguer de nuit a été imposée, suscitant des débats tant parmi les voyageurs que les propriétaires de bateaux. En effet, ces derniers craignent un impact économique négatif, les voyages de nuit étant cruciaux pour leur activité. Ils appellent plutôt à un contrôle technique rigoureux des embarcations et à l’imposition stricte du port de gilets de sauvetage.
Malgré ces mesures, le désespoir des familles des disparus continue de grandir. « Nous avons beaucoup cherché, mais nous n’avons encore rien trouvé. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles de nos frères disparus », a déclaré Moussa Safari, dont un proche a disparu lors du naufrage. Pour de nombreuses familles, l’angoisse de ne pas retrouver les corps de leurs proches perdus dans les eaux du lac Kivu vient alourdir un deuil déjà accablant.
Le lac Kivu, bordant les provinces du Nord et du Sud-Kivu, est devenu une voie de passage incontournable pour des centaines de passagers chaque jour. Toutefois, les conditions de voyage sont de plus en plus risquées, notamment en raison de l’utilisation d’embarcations en bois, souvent vétustes et surchargées. « Même si nous sommes encore en deuil après avoir perdu nos frères et sœurs, je dois voyager sur ce lac. C’est le seul moyen de rejoindre le Sud-Kivu pour voir ma famille », confie Serge Nzonga, un voyageur résigné.
Selon les estimations, près de 1 000 personnes ont trouvé la mort sur le lac Kivu depuis le début de l’année 2024. Pour Émile Murhula, analyste en hydrologie et environnement, cette situation est le reflet d’un problème systémique. « Le gouvernement congolais ne semble pas chercher de solutions durables à ce fléau. Les pertes humaines se multiplient, mais aucune véritable réforme n’a été mise en place pour enrayer ce phénomène », déplore-t-il.
Les routes terrestres étant souvent impraticables en raison des affrontements entre forces armées et groupes rebelles, le recours aux bateaux sur le lac Kivu reste une alternative indispensable, mais dangereuse. Le gouvernement, tout en prônant des mesures sécuritaires, doit composer avec une population en proie à la peur, à la pauvreté, et à l’urgence de se déplacer dans des conditions souvent précaires.
Face à cette situation alarmante, la mise en place de mesures plus strictes et d’une réglementation efficace devient une urgence. Les accidents à répétition soulignent l’ampleur du défi qui se pose pour le Congo, où le développement d’infrastructures adaptées et sûres pourrait sauver des vies et offrir un avenir plus serein aux usagers du lac Kivu.
RADIO TANKONNON