Burkina Faso : Infrastructures en péril sous les déluges de pluies torrentielles
Le Burkina Faso, pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, fait face cette année à des précipitations d’une intensité exceptionnelle, qui ne sont pas sans conséquences dramatiques pour ses populations et ses infrastructures. Des pluies torrentielles s’abattent sans répit sur la majeure partie du territoire, provoquant des inondations massives, des glissements de terrain, et, malheureusement, des pertes humaines. L’impact de ces intempéries se fait ressentir à travers des noyades tragiques, des dégâts importants sur les infrastructures publiques et privées, ainsi qu’une désorganisation générale de la vie quotidienne.

Parmi les nombreux dommages répertoriés, la situation du pont de Tarfila, à l’entrée de Banfora, dans la région des Cascades, illustre de manière criante la vulnérabilité des infrastructures du pays face aux caprices de la nature.
Le pont de Tarfila submergé : une alerte à la prudence
Situé sur la route nationale n°7, reliant Bobo-Dioulasso à Banfora, le pont de Tarfila est une voie cruciale pour la circulation des biens et des personnes dans la région sud-ouest du pays. Ce mardi 8 octobre 2024, le ministère des Infrastructures a annoncé que cet ouvrage était entièrement submergé par les eaux, conséquence des pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours. Le constat, réalisé par les techniciens de la Direction régionale des infrastructures, met en lumière une situation critique : « Le pont de Tarfila est totalement inondé, ce qui rend la traversée extrêmement dangereuse« , a précisé le ministère dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle.
Face à cette menace, les autorités invitent dès à présent les usagers de la route nationale n°7 à la plus grande prudence. L’état de l’ouvrage sera évalué dans les prochains jours, mais en attendant, la prudence est de mise pour éviter toute tragédie supplémentaire. « Nous devons agir rapidement pour éviter que cette infrastructure ne subisse des dommages irréversibles« , a déclaré un haut fonctionnaire du ministère, soulignant que des équipes de secours et des ingénieurs sont déjà mobilisés pour surveiller l’évolution de la situation.
Des conséquences humaines et matérielles dévastatrices
Les inondations qui frappent le pays depuis plusieurs semaines ont déjà causé de nombreuses pertes humaines. Plusieurs cas de noyades ont été rapportés, notamment dans des zones rurales où les populations, souvent isolées, peinent à échapper à la montée rapide des eaux. La furie des pluies a également détruit des habitations, laissant des centaines de familles sans abri. « Nous avons tout perdu« , se lamente un habitant de Banfora dont la maison a été emportée par les eaux. « La pluie est tombée sans interruption pendant des heures, et nous n’avons eu que le temps de sauver quelques affaires avant que tout ne soit submergé. »
Le bilan humain pourrait encore s’alourdir si les précautions ne sont pas rigoureusement suivies, avertissent les autorités. Au-delà des pertes humaines, les infrastructures vitales telles que les routes, les ponts, les écoles et les centres de santé sont gravement endommagées, compromettant l’accès aux services essentiels pour des milliers de Burkinabè.
Un impact majeur sur l’économie locale et nationale
Les dégâts causés aux infrastructures n’affectent pas seulement les communautés locales, mais également l’économie nationale. Le pont de Tarfila, submergé et menacé de destruction, est un point névralgique pour le commerce entre Banfora, une zone agricole prospère, et Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays et plaque tournante du commerce burkinabè. La perturbation du trafic sur cet axe majeur risque de paralyser les échanges commerciaux, entraînant des pénuries de biens de première nécessité et une hausse des prix dans les régions enclavées.
Les producteurs agricoles, déjà touchés par les inondations qui ont ravagé leurs cultures, redoutent un effondrement de leurs revenus si les infrastructures de transport ne sont pas rapidement réparées. « Nos récoltes sont en train de pourrir, car nous ne pouvons plus les transporter vers les marchés« , se désole un agriculteur de la région des Cascades. « Si la situation continue, nous allons tout perdre cette année. »
Le ministère des Infrastructures a d’ores et déjà annoncé que des travaux d’urgence seront lancés dès que les conditions météorologiques le permettront. Cependant, la réhabilitation des infrastructures touchées par ces pluies torrentielles nécessitera des investissements colossaux que le pays, déjà confronté à des défis sécuritaires et économiques majeurs, aura du mal à mobiliser sans l’aide de la communauté internationale.
Le changement climatique en toile de fond
Cette année, les pluies ont été particulièrement violentes et persistantes, exacerbant les problèmes structurels de gestion de l’eau dans un pays déjà en proie à des difficultés d’adaptation aux aléas climatiques. Les spécialistes s’accordent à dire que les événements climatiques extrêmes, tels que les inondations massives, deviendront de plus en plus fréquents sous l’effet du changement climatique. « Les cycles de pluie sont devenus imprévisibles« , souligne un expert en climatologie basé à Ouagadougou. « Nous sommes confrontés à une variabilité accrue des précipitations, avec des saisons sèches plus longues et des saisons des pluies beaucoup plus intenses. Le Burkina Faso doit urgemment adapter ses infrastructures et ses politiques de gestion des ressources en eau pour faire face à ces nouveaux défis.«
Le gouvernement burkinabè a récemment adopté une série de mesures visant à renforcer la résilience des infrastructures face aux risques climatiques. Cependant, la mise en œuvre de ces politiques se heurte à un manque de moyens financiers et techniques, ainsi qu’à une coordination insuffisante entre les différentes entités impliquées dans la gestion des infrastructures et des ressources hydrauliques.
Des efforts de reconstruction attendus
Alors que la saison des pluies continue de faire des ravages, l’heure est à l’évaluation des dégâts et à la planification de la reconstruction. « Nous devons réagir rapidement et de manière coordonnée pour rétablir la circulation sur les routes endommagées et garantir la sécurité de nos concitoyens« , a déclaré un porte-parole du ministère des Infrastructures lors d’une conférence de presse à Ouagadougou. Les autorités promettent également d’intensifier la surveillance des zones à risque et de renforcer les alertes précoces pour minimiser les pertes humaines lors des prochaines pluies torrentielles.
Dans ce contexte difficile, des appels à la solidarité nationale et internationale sont lancés pour soutenir les populations touchées par cette catastrophe naturelle. Des ONG locales et internationales, ainsi que les agences humanitaires des Nations Unies, sont déjà mobilisées pour fournir une assistance d’urgence aux sinistrés. Mais les besoins restent immenses, et la reconstruction prendra du temps.
Un défi collectif pour l’avenir
Alors que le Burkina Faso traverse cette nouvelle épreuve, la question de la résilience face aux catastrophes naturelles devient plus que jamais une priorité nationale. La montée des eaux à Banfora, la submersion du pont de Tarfila et les multiples inondations à travers le pays montrent clairement que le renforcement des infrastructures est essentiel pour garantir la sécurité et la prospérité du pays. Le gouvernement devra, avec le soutien de la communauté internationale, développer des solutions innovantes et durables pour faire face à ces défis environnementaux croissants.
En attendant, les habitants de Banfora, comme ceux des autres régions touchées, font preuve d’une résilience admirable, aidés par la solidarité de leurs concitoyens. Le Burkina Faso, déjà confronté à d’importants défis sécuritaires, doit désormais relever un nouveau défi : celui de la lutte contre les conséquences destructrices du changement climatique.
Saidicus Leberger
Poiur Radio Tankonnon