Réunion du Parlement de la CEDEAO à Lomé : adoption du budget et examen des projets de rapport pour 2025-2027

Les 30 septembre et 1er octobre 2024, Lomé, la capitale togolaise, a accueilli une session extraordinaire du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette rencontre de la 6e législature avait pour principal objectif l’examen et l’adoption des rapports et projets de rapport relatifs aux activités des différentes commissions, tout en se concentrant sur la validation du budget de l’institution pour la période 2025-2027. Présidée par Mme Mémounatou Ibrahima, cette session s’inscrit dans un contexte de défis politiques et économiques majeurs pour la sous-région.
Un budget sous le signe de la stabilité et de l’efficience
L’un des moments phares de cette session a été l’examen du rapport de la Commission administration, finances et budget portant sur l’avant-projet de budget du Parlement de la CEDEAO pour l’année 2025. Pour cet exercice budgétaire, les parlementaires ont eu la tâche délicate de concilier les objectifs stratégiques de l’institution avec les contraintes financières grandissantes imposées par la baisse des revenus du prélèvement communautaire, principale source de financement de la CEDEAO.
Le budget approuvé pour 2024 s’élevait à 23 215 994 Unités de Compte (UC), un montant équilibré en recettes et en dépenses. Cependant, au 30 juin 2024, les taux d’exécution indiquaient que seulement 37% des recettes et 27% des dépenses avaient été réalisés, mettant en évidence des défis persistants en matière de mobilisation des fonds et de gestion des ressources.
Pour l’exercice 2025, l’avant-projet de budget, qui s’élève à 23 371 350 UC, marque une hausse symbolique de 0,67% par rapport à l’exercice précédent. Ce léger ajustement témoigne de la volonté de maintenir la stabilité tout en tenant compte des nouvelles priorités institutionnelles, notamment le renforcement de la diplomatie parlementaire, indispensable dans un contexte marqué par les crises politiques au sein de la CEDEAO.
Conformité aux directives du Conseil des ministres
La préparation du budget 2025-2027 s’est alignée sur les directives émises par le Conseil des ministres de la CEDEAO, imposant une répartition stricte des ressources : 65% des fonds devront être alloués aux programmes de l’institution, tandis que les dépenses administratives ne pourront excéder 35%. Cette exigence reflète une volonté de rationalisation des coûts administratifs et de priorisation des actions de terrain, dans un souci d’efficacité.
En outre, le projet de budget pour chaque département ou agence devra rester dans les limites de celui de l’exercice précédent. Cela signifie que l’enveloppe budgétaire allouée en 2024 sera maintenue pour la période 2025-2027, impliquant une augmentation budgétaire nulle, à l’exception des ajustements nécessaires pour des secteurs jugés stratégiques.
Les recommandations de la Commission
À l’issue de l’examen des rapports, la Commission administration, finances et budget a émis plusieurs recommandations à l’attention du bureau du Parlement. Parmi celles-ci, la nécessité urgente de finaliser la mise en place des bureaux de liaison dans tous les États membres, une mesure dont les dotations avaient été inscrites dans le budget de 2024. L’objectif est d’éviter que ces crédits ne deviennent caduques, soulignant ainsi la nécessité d’une exécution budgétaire rigoureuse.
Par ailleurs, les membres de la Commission ont insisté sur l’importance de la mise en place d’une structure dédiée à la mobilisation des ressources. Cette recommandation est motivée par la diminution des revenus issus du prélèvement communautaire, qui constitue la pierre angulaire du financement des institutions de la CEDEAO. L’augmentation des produits issus de ce prélèvement est donc primordiale pour garantir la viabilité des programmes d’intégration régionale.
Un budget au service de la diplomatie parlementaire
L’un des points centraux de cette session plénière a été l’accent mis sur la diplomatie parlementaire. Le vice-président de la Commission administration, finances et budget, Ibrahima Baba Sall, a souligné que le budget 2025 tiendrait compte des enjeux liés à la sensibilisation et à la communication au sein de la communauté. Face à une situation inédite, marquée par la suspension de trois États membres suite à des crises politiques, la CEDEAO se doit de renforcer le dialogue et la coopération entre les peuples de la sous-région.
« Les parlementaires, en tant que mandataires des populations, ont un rôle crucial à jouer dans l’information et la sensibilisation des citoyens. Cela permet de maintenir la cohésion et de renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté », a affirmé M. Baba Sall. Cette diplomatie active est jugée essentielle pour surmonter les défis posés par l’instabilité politique dans certains pays membres et pour restaurer la confiance entre les États de la sous-région.
L’adoption des rapports : une priorité pour la CEDEAO
Outre l’adoption du budget, la plénière a également examiné plusieurs rapports clés. Parmi eux, le projet de rapport de la 1ère session ordinaire du Parlement de la CEDEAO pour l’année 2024 a été adopté, ainsi que le rapport de la Commission administration, finances et budget sur l’exécution du budget du Parlement pour 2023 et le suivi à mi-parcours pour 2024. Ces documents sont essentiels pour évaluer les avancées de l’institution et pour ajuster les priorités en fonction des défis rencontrés.
De plus, les rapports des réunions délocalisées des commissions mixtes, tenues en 2024, ont été étudiés avec attention. Ces réunions ont permis aux parlementaires de se rendre dans divers États membres, favorisant ainsi un échange direct avec les populations et les autorités locales sur les problématiques spécifiques à chaque pays.
Un budget au service de la résilience régionale
En conclusion, la session extraordinaire du Parlement de la CEDEAO à Lomé a permis d’adopter un budget 2025-2027 à la fois ambitieux et réaliste, en adéquation avec les défis de l’heure. Les parlementaires, conscients de l’urgence de la situation, ont veillé à ce que ce budget reflète les priorités stratégiques de la région, notamment en matière d’intégration économique, de diplomatie parlementaire et de gestion des crises.
Le rôle du Parlement de la CEDEAO, en tant qu’organe représentant les populations de la sous-région, se voit ainsi renforcé, avec une attention particulière portée à la transparence et à l’efficience dans la gestion des ressources. Alors que l’Afrique de l’Ouest traverse une période de turbulences politiques, économiques et sécuritaires, ce budget 2025 apparaît comme une réponse concertée aux besoins pressants des États membres et de leurs citoyens.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon