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    Alors que le Ghana s’apprête à entrer dans une semaine décisive, le pays tout entier retient son souffle. Le lundi 30 septembre, un confinement national pourrait marquer un tournant historique dans la lutte contre l’extraction illégale d’or, un phénomène dévastateur localement connu sous le nom de « galamsey ». Ce mouvement, sans précédent dans l’histoire récente du pays, est mené par une coalition de fonctionnaires, de syndicats et de la société civile, qui n’ont cessé de dénoncer la destruction massive de l’environnement et la menace croissante pour les ressources en eau et la sécurité alimentaire. Le galamsey, autrefois perçu comme une simple activité informelle, est désormais considéré comme l’une des plus graves menaces à l’écosystème et à la santé publique du Ghana.

    Extraction illégale d'or au Ghana
    Extraction illégale d’or au Ghana

    Une situation environnementale à l’agonie

    L’extraction illégale de l’or au Ghana, si elle contribue à l’économie parallèle, laisse des cicatrices indélébiles sur les terres et les cours d’eau du pays. La situation a atteint un point de rupture. Des rapports récents de la Ghana Water Company Limited (GWCL) ont révélé que 60 % des cours d’eau du pays sont désormais gravement contaminés, rendant l’approvisionnement en eau potable de plus en plus précaire. Dans plusieurs zones rurales et urbaines, l’accès à l’eau propre est devenu un défi quotidien, exposant des millions de Ghanéens à des risques sanitaires croissants.

    Les niveaux de turbidité de l’eau ont dépassé des seuils inimaginables, atteignant jusqu’à 14 000 unités de turbidité néphélométrique (NTU), bien au-delà de la capacité de traitement des infrastructures actuelles qui ne peuvent supporter que 2 000 NTU. Ces chiffres révèlent l’ampleur de la crise. La déforestation massive et l’utilisation incontrôlée de produits chimiques toxiques, tels que le mercure et le cyanure, dans les activités minières illégales, ont non seulement empoisonné l’eau, mais ont également détruit des terres agricoles essentielles. Certaines des régions productrices de cacao, une des principales ressources économiques du Ghana, ont vu leurs sols irrémédiablement dégradés par l’infiltration de ces substances.

    Un cri d’alarme pour une nation en danger

    Face à cette dégradation accélérée de l’environnement, les voix s’élèvent. Les syndicats, les leaders religieux, et les représentants de la société civile, unis dans un front commun, demandent des actions immédiates et fermes de la part du gouvernement. Leurs revendications sont claires : la proclamation d’un état d’urgence dans toutes les zones minières et l’annulation sans délai des licences minières octroyées dans les zones sensibles. La situation est d’autant plus urgente que les récentes projections de la GWCL estiment que, si rien n’est fait, le Ghana pourrait être contraint d’importer de l’eau potable d’ici 2030.

    Dr. Kenneth Asigbey, qui coordonne la Coalition du Ghana contre le Galamsey, a formulé une critique acerbe du gouvernement, mettant en parallèle la crise actuelle avec des crimes de guerre : « Lorsque vous partez en guerre et que vous empoisonnez l’eau de votre ennemi, cela est considéré comme un crime de guerre. Si des gens s’empoisonnent eux-mêmes et que des responsables refusent d’agir, le président doit agir. » Cette déclaration résume le sentiment d’impuissance face à la lenteur de la réponse gouvernementale.

    D’autres leaders, comme Albert Kwabena Dwumfour, président de l’Association des journalistes du Ghana, appellent à des mesures extrêmes pour protéger les ressources naturelles vitales. Il a notamment plaidé pour une intervention militaire afin d’expulser les mineurs illégaux des zones fluviales. « Il faut mobiliser l’armée pour évacuer tous ceux qui se trouvent sur les cours d’eau. Tous les permis d’entrée accordés pour miner dans des zones de biodiversité importantes doivent être annulés », a-t-il affirmé, soulignant la gravité de la situation.

    Les syndicats en première ligne

    Les syndicats de travailleurs, représentant les différents secteurs de la société ghanéenne, ont également pris une position ferme, menaçant de se lancer dans une série de manifestations d’envergure si le gouvernement ne prend pas de mesures concrètes d’ici la fin du mois. Kenneth Koomson, secrétaire général adjoint de la Fédération des travailleurs du Ghana, a exprimé sa frustration : « Les syndicats organisés se lanceront d’urgence dans une série de manifestations et une grève nationale si le gouvernement ne s’attaque pas à nos préoccupations d’ici la fin du mois. » Ce n’est pas une simple rhétorique ; les syndicats se préparent activement à une mobilisation de grande envergure, avec l’espoir de forcer la main des autorités.

    La santé publique en jeu

    Au-delà de la dévastation environnementale, le galamsey pose un grave danger pour la santé publique. L’utilisation de produits chimiques toxiques, tels que le mercure, a contaminé non seulement les cours d’eau, mais aussi les aliments produits sur des terres autrefois fertiles. Cette contamination a des répercussions directes sur la population, avec des cas de saturnisme (empoisonnement au plomb) et d’autres maladies liées à la pollution qui augmentent de façon alarmante. Les établissements de santé, déjà sous pression, craignent une aggravation des crises sanitaires si la pollution des ressources naturelles continue sans entrave.

    Thomas Tanko Musah, secrétaire général de l’Association nationale des enseignants du Ghana, a résumé l’urgence de la situation avec une clarté cinglante : « Nous sommes entre la vie et la mort et nous devons choisir. Si nous choisissons l’illégal, nous choisissons la mort. Nos ressources doivent être protégées. » Ce cri d’alarme résonne auprès de tous les acteurs de la société civile qui voient dans la protection de l’environnement une condition sine qua non pour assurer un avenir sûr et prospère au Ghana.

    Vers une décision cruciale

    Le gouvernement ghanéen, dirigé par le président Nana Akufo-Addo, est confronté à un choix décisif. D’un côté, il y a l’urgence de répondre aux préoccupations légitimes des citoyens, des syndicats, et de la société civile, tous unis dans la défense de l’environnement et de la santé publique. De l’autre, il y a les pressions économiques et politiques exercées par les intérêts liés à l’industrie minière, un secteur crucial pour l’économie du Ghana mais dont les pratiques actuelles ont des conséquences destructrices.

    Le confinement national prévu pour le 30 septembre pourrait bien devenir le point de basculement. S’il est mis en œuvre, il pourrait servir de catalyseur pour une transformation radicale des pratiques minières au Ghana. Mais une question demeure : le gouvernement aura-t-il la volonté et la capacité de prendre des mesures drastiques pour sauver les ressources naturelles du pays ? Les Ghanéens, tout comme les observateurs internationaux, attendent avec impatience de voir si cette mobilisation nationale pourra effectivement mettre fin à des décennies de destruction environnementale et ouvrir la voie à une exploitation plus responsable et durable de l’or.

    En attendant, les rivières du Ghana continuent de couler, mais leur eau, autrefois source de vie, devient chaque jour un peu plus toxique, reflétant les choix d’une nation à la croisée des chemins. Le président Akufo-Addo et son gouvernement sont confrontés à l’un des défis les plus pressants de l’histoire du Ghana, un défi qui définira non seulement l’avenir environnemental du pays, mais aussi son héritage pour les générations à venir.

    Saidicus Leberger

    Pour Radio Tankonnon 

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