Dans un élan intellectuel éblouissant, le Laboratoire de Droit et de Science Politique (LDSP) de l’Université Thomas Sankara (UTS), en collaboration avec l’Université Joseph KI ZERBO de Ouagadougou, a accueilli ce samedi 16 mars 2024 une conférence publique d’une importance capitale. Sous les feux des projecteurs, l’éminente Professeure Marie Boka, maître de conférences agrégée de Science Politique à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, a captivé l’auditoire par son éloquence et sa profondeur d’analyse.

Placée sous le thème provocateur « La Science Politique : Une discipline autonome ?« , cette rencontre a été bien plus qu’une simple déclaration d’intentions académiques ; elle a été le théâtre d’un débat éclairé, animé par une myriade d’étudiants en master, de doctorants, et d’enseignants en Science Politique. Sous la houlette de la dynamique équipe de recherche « Sociologie Politique et action publique« , dirigée par le Professeur Abdoul Karim Saïdou, les participants ont arpenté les méandres de la discipline, cherchant à définir son essence et à tracer sa voie dans le panorama intellectuel contemporain.

L’exposé magistral de la Professeure Boka a révélé deux dimensions fondamentales : une dimension substantielle et une dimension sociologique. La première, liée à l’État et à l’exercice du pouvoir politique, a été examinée avec perspicacité. Marie Boka a souligné avec finesse que si la Science Politique partage ces objets d’étude avec d’autres disciplines telles que le Droit Public, l’Histoire ou la Sociologie, elle ne saurait pour autant s’en voir dépouillée de son identité. Elle a plaidé en faveur d’une transversalité assumée, où la richesse des approches interdisciplinaires viendrait enrichir le champ de la Science Politique.

La seconde dimension, la dimension sociologique, a mis en lumière l’importance cruciale de la communauté des chercheurs dans la construction et la légitimation de la discipline. Marie Boka a exhorté à la création d’une masse critique, capable de défendre avec éloquence et pertinence les spécificités de la Science Politique.

Cependant, au-delà de ces considérations, l’auditoire a été interpellé par la question de l’autonomie de la Science Politique en tant que discipline scientifique. Avec une clarté déconcertante, la Professeure Boka a affirmé que si la Science Politique ne dispose pas d’un objet d’étude propre, elle peut légitimement revendiquer son autonomie par l’adoption d’une méthode scientifique rigoureuse. Cette assertion n’est pas sans fondement, puisque le CAMES lui-même a entériné en 2009 le détachement de la Science Politique du Droit Public.

Toutefois, l’éminent intervenant a concédé que la route vers cette autonomie était semée d’embûches, d’autant plus que la Science Politique demeure une discipline relativement jeune. Pour y parvenir, Marie Boka a prôné la mise en œuvre de projets interdisciplinaires audacieux, tout en appelant à la consolidation d’une véritable force vive de la Science Politique.

À la suite de son exposé, un dialogue fertile s’est engagé entre les étudiants, les enseignants et la Professeure Boka, accompagnée au présidium par le Dr Habibou Fofana et le Pr Abdoul Karim Saïdou. Ces échanges, empreints de passion et de rigueur intellectuelle, ont illustré la vivacité et la pertinence des réflexions portées par cette rencontre mémorable.

Enfin, cette année a été marquée par un jalon significatif pour l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences Juridiques et Politiques (UFR/SJP), qui a accueilli avec fierté sa septième promotion de master ainsi que ses premiers docteurs en Science Politique. Avec la perspective prometteuse de recruter ses premiers étudiants en Licence 3 dès la rentrée prochaine, l’UFR/SJP s’inscrit résolument dans une dynamique de développement et d’excellence académique.

En somme, la conférence du 16 mars 2024 restera gravée dans les annales comme un moment clé de réflexion et d’échange, témoignant de la vitalité et de la pertinence de la Science Politique sur la scène intellectuelle africaine.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon