Le Réveil du Centre d’Entraînement Commando au Burkina Faso : Réminiscences historiques et restructuration de l’appareil militaire
Le Chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, a récemment apposé sa signature, le 5 janvier 2024, sur un décret instituant la mise en place d’un Centre National d’Entraînement Commando (CNEC). Cette institution militaire, autrefois dirigée par le père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, dès l’année 1976, renaît sous cette nouvelle directive.

Situé au sein de la garnison de Pô, le Centre National d’Entraînement Commando (CNEC) a pour vocation principale d’assurer la formation, la qualification et la préparation aux techniques commandos des personnels militaires et paramilitaires.
Cette entité opérationnelle est affiliée à l’état-major de l’armée de terre et détient le statut de région militaire. Son commandant désigné est le capitaine Patrick Anicet Bado. Au fil des années, le CNEC a vu passer plusieurs hauts gradés de l’armée burkinabè.
Cette réactivation du CNEC, qui succède officiellement au Centre d’Entraînement Commando et de Formation aux Opérations Spéciales, témoigne d’une continuité historique, ayant été dirigée par des figures emblématiques du pays, notamment les anciens présidents Blaise Compaoré et Thomas Sankara.
En 1976, Thomas Sankara accède à la fonction de premier commandant du CNEC, deux ans après les affrontements ayant opposé les militaires maliens et burkinabè en décembre 1974, liés à la question du contrôle de la bande d’Agacher. Il a su se distinguer lors de ces affrontements, acquérant ainsi une notoriété nationale.
Par la suite, en janvier 1981, Blaise Compaoré a pris la direction du Centre National d’Entraînement Commando (CNEC) de Pô, pendant que Sankara était nommé secrétaire d’État à l’information. C’est précisément de ce centre que le capitaine Compaoré a orchestré le coup d’État qui a porté Sankara au pouvoir le 4 août 1983. À la suite de ces événements, le CNEC s’est érigé en une structure assurant la sécurité du président Thomas Sankara.
Un système de rotation des personnels, déployés à la fois dans différents détachements à travers le territoire, au Centre d’Entraînement de Pô, au Conseil de l’entente et au palais de Koulouba, a été instauré.
À l’avènement du capitaine Blaise Compaoré au pouvoir à la suite du coup d’État d’octobre 1987, le général Gilbert Diendéré, instigateur du coup d’État manqué du 17 septembre 2015, a pris la relève de Blaise Compaoré à la tête du CNEC.
En 1995, le CNEC à Ouagadougou a été renommé « Régiment de Sécurité Présidentielle » (RSP) par décret du 21 novembre 1995. Le 1er Bataillon du CNEC a ainsi été l’ancêtre du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), chargé de la sécurité du président Blaise Compaoré jusqu’à sa dissolution en 2015.
Le CNEC de Pô avait alors été détaché en tant qu’entité autonome, un corps essentiellement responsable de la formation des stagiaires commandos.
La renaissance du Centre national d’entraînement commando (CNEC) s’inscrit dans le cadre plus global d’une réorganisation de l’armée burkinabè.
Le Chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, a également instauré, le 5 janvier 2024, par décret, la Brigade spéciale et d’intervention rapide, une unité opérationnelle interarmées de grande envergure, ayant le rang d’une armée. Ce même décret a également créé cinq nouveaux Bataillons d’intervention rapides à Titao, Djibo, Toma, Kantchari et Pama.
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