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    Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo

    L’éventuel retour au bercail de l’ancien président, Blaise Compaoré, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo qu’on ne présente plus, s’invite au débat.

    La rumeur est devenue une information relayée par des médias sérieux. Il faut donc croire que ce qui paraît invraisemblable est bien réel. Le retour de Blaise Compaoré semble donc acté pour cette semaine, dans quelques heures selon certaines sources. A l’occasion de la restitution de l’étude rétrospective et prospective 2021 de l’institut FREE Afrik, « 2021, année précieuse » en janvier 2021, j’avais indiqué qu’une certaine conception de la réconciliation nous mènerait au pire. La réconciliation organisée par et pour des élites politiques qui tenteraient, en jetant par-dessus bord les priorités pressantes de la société, et le besoin de justice, de nous enfermer dans une entente quasi-mafieuse. Nous y sommes ! De plain-pied.

    Les autorités de la Transition ont donc choisi de s’engager, de nous engager, dans la voie du pire : mettre les affaires publiques au service de la réconciliation de l’entre-soi. Par-là, elles nous exposent à plusieurs dangers majeurs.

    Le sacre de l’impunité. Dans le rapport de la commission de la réconciliation nationale et des reformes (CRNR) que j’ai eu l’honneur de signer, les principes cardinaux suivants sont rappelés : « la réconciliation ne saurait être une prime à l’impunité, pas plus que le pardon ne saurait supprimer la réparation. » Quid de la justice dans le cadre de ce retour annoncé ? Inutile de rappeler qu’une condamnation à perpétuité, dans l’emblématique affaire Sankara, pèse sur l’ex-Président Compaoré. Ont-ils décidé que le destin d’un homme, était au-dessus de la justice burkinabè ? Que le verdict de l’historique procès pouvait être ignoré pour le retour d’un des principaux responsables (avec ses anciens amis-ennemis qui ont dirigé le pays pendant plusieurs années) du drame actuel dans lequel est plongé notre pays ? A quoi cela rime-t-il ? Quel plan nous cache-t-on ?

    En tout état de cause, il faut savoir que l’injustice nourrie par l’impunité est au cœur du drame actuel. C’est précisément parce que la justice est bafouée, dans un pays où l’impunité a miné la gouvernance publique, que l’Etat est désarmé, que des populations, des jeunes en particulier, quittent le pacte républicain pour rejoindre le camp d’en face. C’est l’impunité qui alimente nos défaillances sur tous les plans.

    Eh bien, s’il est organisé un boulevard d’impunité pour un retour triomphal et revanchard de Blaise Compaoré, nous aurons engagé le scenario du pire dans la réconciliation. Nous aurons indiqué que l’indispensable chantier du redressement de la justice et de la lutte contre l’impunité n’est pas à l’ordre du jour. Comment gagner la lutte contre le terrorisme dans ces conditions ? En quoi la consécration de l’impunité sert-elle la lutte contre le terrorisme ?

    Ça ne serait pas la première fois que les autorités de la Transition consacrent l’impunité. Il semble qu’un prisonnier, condamné, et ayant quitté, mourant nous avait-on assuré, les geôles pour des soins en France serait désormais grand VRP et conseiller du Prince. Cela dépasse l’indécence, c’est ignoble, c’est une insulte à la justice burkinabè.

    Si les autorités de la Transition ont un autre plan

    En tout cas la justice burkinabè a un test de crédibilité et de légitimité à passer dans quelques heures. Des hommes peuvent et doivent se dresser pour refuser que nos tribunaux soient des machins qui proclament des simulacres de verdict. Si les autorités de la Transition ont un autre plan, la justice doit avoir l’agenda de son respect et de la défense de sa crédibilité.

    Par ailleurs, quel dédain pour les victimes du procès Sankara et les autres victimes qui attendent justice sur les nombreuses affaires qui ont miné le long règne de Blaise Compaoré ? En quoi ce dédain sert-il la priorité de rassembler la Nation ? de réconcilier ? « Le besoin impérieux de tourner la page ne doit pas nous dispenser de la lire » a dit Desmond Tutu. Il ne faut, en effet, pas croire que les responsabilités des pouvoirs successifs dans le drame actuel réhabilitent ou donnent une quelconque virginité à Blaise Compaoré ?

    Enfin, le retour triomphale et dédaigneux de Blaise Compaoré brise le peu d’élan national qui pouvait exister et crée, comme rarement, la division dans un moment où le pays a besoin de se rassembler. Face au péril qui nous guette, les autorités de la Transition, rament à contre-courant : à défaut de construire l’unité, elles alimentent la division et renforcent les positions tranchées. Nous sommes partis pour un nouveau cycle d’oppositions et de conflictualités au sein des forces sociales et politiques.

    Si la réconciliation inscrite dans l’agenda de la Transition est comprise comme telle, comme la consécration de l’impunité pour certains et l’ostracisme pour d’autres, le triomphe d’un camp sur un autre, la manipulation des institutions pour servir des intérêts individuels, vite, il faut la sortir de l’agenda. Il faut sortir de la dérive qui nous conduit vers le pire.

    Nous avons défendu dans le rapport de la CRNR, le triptyque consacré vérité, justice réconciliation. Nous avons également rappelé que la réconciliation doit mettre en priorité les problèmes de la majorité. Au moment où la haine se déchaîne comme jamais et alimente les conflits communautaires, la priorité de la réconciliation est bien ailleurs. Au moment où des jeunes prennent des armes contre leur pays, contre l’Etat, la priorité est bien ailleurs. Hélas, une vision de la réconciliation par le haut par une entente de couloir veut triompher en consacrant l’impunité. Tous ceux qui croient en une autre réconciliation doivent indiquer leur opposition à cette voie du pire. Sinon, l’idée de réconciliation sera enterrée, bientôt dans le pays, car galvaudée, instrumentalisée, et dévoyée par des visées nombrilistes.

    Au lendemain des assises nationales, dès le 2 mars, j’avais écrit ceci : « l’hyper-dominance militaire sur les institutions de la Transition, sans exception, crée un déséquilibre qui marginalise la participation de certains acteurs stratégiques de la société et affaiblit leur engagement dans la Transition. Ce déséquilibre de pouvoir est source de toutes les dérives. Il ne permettra pas un engagement de tous pour défendre les institutions de la Transition dans les secousses immanquables à venir ».

    Nous sommes depuis dans ce danger d’un pouvoir déséquilibré

    A l’époque, les spéculations sur le nom du premier ministre allaient bon train et les esprits visaient plutôt les strapontins à pourvoir. Nous sommes depuis dans ce danger d’un pouvoir déséquilibré et non inclusif. Le retour frauduleux et paradoxalement triomphal de Blaise Compaoré constitue un facteur supplémentaire qui éreinte le peu de légitimité et de crédibilité du pouvoir de la Transition.

    La priorité est donc connue à présent. Il nous faut refuser le scenario du pire et inventer les modalités d’une réelle dynamique de mobilisation pour faire face à la pire crise de notre histoire.

    Dr Ra-Sablga Seydou OUÉDRAOGO

    Économiste, chercheur, Directeur exécutif de l’Institut FREE Afrik

    Ancien Rapporteur général de la Commission de la réconciliation nationale et des reformes (CRNR, 2015).

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