Au Mali, la transition « bien partie », pour la Cedeao

Au pas de charge, le chef de l’État ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a montré sa détermination à accompagner le Mali jusqu’au terme de cette transition : il était ce dimanche 11 octobre à Bamako, accompagné par des membres d’une délégation désormais bien connus des Maliens, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur, et le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou. L’objectif ? Faire le point avec les nouveaux dirigeants. « Pour le moment, toutes les actions entreprises par les autorités de transition nous donnent bon espoir qu’elles tiennent les engagements pris envers nous », a déclaré, optimiste, Nana Akufo-Addo lors d’une très brève conférence de presse au terme de sa visite.
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La transition sous l’oeil de la Cedeao
Avant d’en arriver à ces conclusions, le président ghanéen a rencontré le président de transition Bah Ndaw, un colonel à la retraite, et le vice-président de transition, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Il s’est également entretenu avec le Premier ministre de transition, Moctar Ouane, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate de carrière. Et puis, Nana Akufo-Addo s’est entretenu avec l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, libéré plus tôt la semaine dernière par la junte.
Le calendrier de la transition s’est accéléré ces deux dernières semaines au Mali. Comme le réclamait la communauté internationale, ils ont désigné un civil, Bah Ndaw, pour présider cette transition et ont renoncé à ce que son vice-président, le colonel Assimi Goïta, puisse le remplacer en cas d’empêchement. Au lendemain de la formation d’un gouvernement de transition le 5 octobre, l’organisation régionale a donc levé les sanctions, comprenant un embargo commercial et financier, imposées au Mali le 20 août, deux jours après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les dirigeants de la Cedeao avaient indiqué « prendre en compte » des « avancées notables vers la normalisation constitutionnelle » pour lever ces sanctions.
Les colonels se sont aussi engagés à rendre le pouvoir à des dirigeants civils élus au terme d’une période de transition d’une durée maximale de 18 mois.
Dans le sillage de la Cedeao, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a également décidé de lever la suspension du Mali de l’organisation continentale, imposée le 19 août. « Le Conseil de paix et de sécurité, au vu des récents développements politiques positifs, décide de lever la suspension qu’il avait imposée contre le Mali. À cet effet, la République du Mali est autorisée à participer pleinement à toutes les activités de l’Union africaine », a écrit l’organe de sécurité de l’UA sur son compte officiel Twitter.
Le président en exercice de la Cedeao, qui entrevoit déjà la suite de sa mission, « a exhorté les autorités de la transition à finaliser le calendrier du processus électoral pour arriver aux élections présidentielle et parlementaires dans le délai indiqué » précise-t-il cette fois dans un communiqué qui a été lu lors de la conférence de presse.
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Cap vers la normalisation de la vie politique
Message bien reçu, semble-t-il, du côté du président de la transition, Bah N’Daw. Vendredi à l’ouverture de son premier Conseil des ministres, il n’a pas manqué de mettre l’accent sur ce point précis : « Notre pays doit renouer avec la pleine légalité constitutionnelle, avec un président de la République élu dans les délais prescrits, et si possible avant », a-t-il dit en lisant sa lettre de mission au gouvernement de transition.
Le président ghanéen a également rencontré l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, une des onze personnalités civiles et militaires toujours détenues depuis le coup d’État et dont le colonel Goïta a annoncé, mercredi, la libération. Cette libération était une des exigences de la Cedeao. Une autre de ces exigences, la dissolution de la junte, n’a, en revanche, pas encore été satisfaite ni officiellement été évoquée pendant la visite. Dissoute ou pas, la junte a de beaux jours devant elle, rien que dans le nouveau gouvernement de Moctar Ouane, qui compte 25 ministres, quatre colonels ont été nommés à des postes stratégiques : la Défense, la Sécurité, l’Administration territoriale et la Réconciliation nationale.
Par Le Point Afrique