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    La pandémie du coronavirus a impacté presque tous les secteurs d’activités au Burkina Faso. Déjà confrontés au manque de touristes du fait de l’insécurité, les artisans du Village artisanal de Ouagadougou (VAO), au nombre de 500, broient du noir avec la fermeture des frontières à cause de la COVID-19.

    Lundi 15 juin 2020. Il est 10h30 au Village artisanal de Ouagadougou (VAO). Les rayons des ateliers attendent désespérément des clients. Assis devant son atelier, Mathieu Nombré est artiste-récupérateur. Le regard perdu, il scrute vainement l’horizon, espérant apercevoir des clients. Mais cette attente est vaine, car les visiteurs ont déserté le village artisanal.

    Interrogé sur la fréquentation des lieux, dans ce contexte de pandémie du coronavirus, M. Nombré explique que les clients se font rares. D’ailleurs, la rareté de la clientèle est antérieure à la crise sanitaire, ajoute-t-il. « Avec d’abord Ebola, ensuite la crise sécuritaire et maintenant la COVID-19, nous avons perdu tous nos clients. Depuis que la maladie a commencé et entraîné la fermeture des frontières, rien ne va ici parce que nos clients sont généralement des Européens, des touristes … », raconte-t-il avec amertume. M. Nombré se rappelle du bon vieux temps où, par mois, il pouvait enregistrer une à deux commandes de 2 à 3 millions F CFA en Europe.
    « J’arrivais aussi à vendre sur place avec les touristes qui venaient au pays et je participais à plusieurs foires dans la sous-région, en plus des marchés que certaines ambassades organisaient à Ouagadougou », précise-t-il avec un brin de nostalgie. Il ajoute que depuis le 20 avril 2020, date de réouverture du village, fermé en mars, du fait de la maladie, il ne fait que produire sans pouvoir vendre le moindre objet.

    La mévente est aussi le lot du sculpteur, Mamadou Diakité. Entre les coups de pinceaux sur un masque qu’il peint, il est sans équivoque. « Honnêtement », dit-il, la COVID-19 a porté un coup de massue aux activités des artisans du VAO. « Avant la crise, je pouvais vendre entre 400 mille et 500 mille F CFA par mois, mais depuis la réouverture, je n’ai même pas encore vendu 50 000 F CFA »,Bconfie-t-il.

    Des impayés de loyers et d’électricité

    Contrairement aux autres artisans du site, Sabine Marie Alice Yaogo, couturière est quelque peu chanceuse. En effet, le VAO a obtenu une partie du marché de fourniture de cache-nez du ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) qu’il a donnée à ses couturières. La tête dans sa machine à coudre, Sabine dit confectionner 200 à 300 cache-nez par jour. « Avec ce que je gagne maintenant, j’arrive à me débrouiller, même si c’est insuffisant parce que depuis la réouverture du Village, je n’ai pratiquement rien vendu », reconnaît-elle.
    Dans leur majorité, les artisans disent tirer le diable par la queue. Bronzier, Zacharie Balma, traîne trois mois d’arriérés de loyer de son atelier. « Nous étions douze dans l’atelier, mais actuellement, nous ne sommes plus que trois à pouvoir venir, parce que les autres n’ont même plus du carburant», fait-il savoir.

    En plus des trois personnes qui travaillent dans son atelier, Mamadou Diakité a aussi embauché une secrétaire qui s’occupe de la vente. «Entre mon personnel, la location de l’atelier et l’électricité, toute ma petite économie s’est effondrée. Maintenant on vit au jour le jour sans salaire pour qui que ce soit », rumine-t-il. L’administration du VAO n’est pas non plus épargnée par la crise, parce qu’elle fonctionne principalement sur la base des recettes de loyers. « Du fait de la crise, nous avons fait deux mois sans salaire, étant donné que les artisans n’arrivent pas à s’acquitter des redevances d’exploitation. Nous sommes à peu près à 40 millions F CFA d’impayés alors que c’est cet argent que nous utilisons pour le fonctionnement de l’administration », explique le gestionnaire du Village, Maurice Sama.
    Les artisans se considèrent donc comme les oubliés de la nation, parce qu’aucun don, aucun accompagnement ne leur est parvenu jusque-là.

    Pour les accompagner, l’administration a envoyé des requêtes dans plusieurs structures, comme le Conseil régional du Centre, la mairie centrale et celle de l’arrondissement n°5 de Ouagadougou (Bogodogo), le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat et l’ambassade du Grand-duché de Luxembourg. « Finalement, c’est le Grand-duché de Luxembourg qui leur est venu en aide avec 80 sacs de 50 kg de riz, 80 bidons de 5 litres d’huile et 1000 cache-nez. De plus, il a décidé de prendre en charge trois mois de loyers des 80 ateliers. L’administration du VAO va assurer trois mois d’électricité, en plus. Tout cela, c’est pour leur permettre de se relancer »,
    note-t-il.

    Des mesures gouvernementales attendues

    L’administration et les artisans espèrent alors des mesures gouvernementales pour alléger les effets de la COVID-19. Ainsi, Mamadou Diakité nourrit l’espoir que les artisans bénéficieront de prêts bancaires par le biais du VAO qui est une structure formelle, pour relancer leurs activités. Si les acheteurs ne viennent pas, Zacharie Balma propose, pour sa part, que les artisans aillent vers eux. « Mon souhait est que dès que les frontières seront rouvertes, que l’Etat nous facilite l’obtention des documents de sortie du territoire notamment les visas », laisse-t-il entendre.

    La directrice générale de l’artisanat, Méda Sylvie, rassure qu’au niveau du ministère en charge de l’artisanat, des commissions planchent sur l’opérationnalisation des mesures du chef de l’Etat pour formuler des propositions à l’autorité en vue de relancer l’économie. « Le secteur de l’artisanat pourrait être pris en compte dans cette dynamique », note-t-elle. Pour sa part, le directeur général de la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina, Seydou Tou, a indiqué qu’une enquête d’opinion diligentée a permis de recenser les difficultés des acteurs. Ces difficultés, conclut-il, ont été recensées en vue d’être résorbées par les mesures annoncées par le président du Faso. M. Tou demande donc un peu de patience aux artisans, le temps d’opérationnaliser ces mesures.

    Jean-Marie TOE

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